Gare à l'islamophobie !

Chronique d’Aimé Savard du 22 novembre 2010. “Il y a longtemps qu’en France, les Maghrébins et les Français d’origine maghrébine sont victimes de ce « racisme ordinaire » vécu par beaucoup d’entre eux  comme une humiliation quotidienne. Ce phénomène est, pour une large part, une séquelle de la décolonisation et en particulier des haines et des rancœurs accumulées pendant et depuis la Guerre d’Algérie. C’est de cette époque que proviennent ces termes méprisants par lesquels on désigne trop souvent, en particulier dans les milieux populaires, Arabes et Berbères originaires d’Afrique du Nord. Pendant très longtemps, ces mots, comme les attitudes  blessantes voire haineuses visaient ceux qui se distinguent par le faciès, le « type méditerranéen » comme disent les rapports de police, mais aussi par le langage ou le vêtement : par exemple la djellaba ou le sarouel – ce dernier  étant maintenant adopté par la mode occidentale. Mais ce racisme n’avait pas de connotation religieuse. D’ailleurs, les premières générations d’immigrés maghrébins étaient très discrètes dans l’exercice public de leurs pratiques religieuses. Cela a profondément changé au cours des années 90. Les jeunes générations issues de l’immigration maghrébine se sont mises alors à considérer l’islam comme un marqueur identitaire leur permettant de s’affirmer fièrement au sein d’une population globale qui les regarde avec mépris et/ou avec méfiance. On a vu alors se multiplier les demandes de disposer de lieux de culte musulmans et, en attendant, les fidèles s’installer parfois dans certaines rues de grandes villes pour la prière du vendredi. C’est aussi à partir des années 90 que de jeunes musulmanes se sont mises à porter ostensiblement le voile que leurs mères ou leurs grand-mères avaient rejeté des années plus tôt. Dans ce contexte, l’ancien racisme anti-arabe, anti-maghrébin, s’est transformé rapidement en un racisme anti-musulman. Et cela touche toutes les classes d’une société française traditionnellement attachée à une conception étroite de la laïcité qui limite strictement l’expression religieuse au domaine privé…” Lire la suite de la chronique et toutes les chroniques d’Aimé Savard