Nous signalons trois documents qui aident à comprendre ce qui se passe actuellement en Syrie, et la manière dont les chrétiens en sont affectés.
Il s’agit d’un article du média en ligne Zénit, diffusant l’information en provenance du Vatican, “Syrie : L’optimisme prudent des chrétiens”, d’une enquête de l’hebdomadaire La Vie, “Chrétiens de Syrie, les fantômes d’Assad” et d’une vidéo réalisée pour l’hebdomadaire Réforme, “Les chrétiens de Syrie entre la peur et l’espoir”.
Syrie : L’optimisme prudent des chrétiens
Cet article est publié au nom de l’Aide à l’Eglise en Détresse (AED)*. Il nous a été signalé par Gabriel Nissim, administrateur de CDM.
L’auteur, Filipe d’Avillez, relève d’abord les craintes éprouvées par les chrétiens lors du renversement du régime de Bachar El-Assad en décembre 2024, à voir des islamistes s’installer au pouvoir en Syrie. Cependant, affirme-t-il, “Les chrétiens sont déterminés à jouer un rôle à part entière dans l’avenir de la Syrie et refusent d’être étiquetés comme une simple minorité religieuse ayant besoin d’un traitement spécial ou, pire, d’être traités comme des citoyens de seconde zone. Plusieurs réunions ont été organisées entre des représentants des Églises et le nouveau pouvoir politique, rassurant les chrétiens que leurs droits seront pleinement respectés.”
Il est pourtant difficile de donner une vue d’ensemble de la situation des chrétiens en Syrie. A Damas, le nouveau pouvoir entend donner des gages de tolérance et d’ouverture à la communauté internationale. Cela n’empêche pas qu’il n’y ait localement des “situations difficiles notamment à Homs et Hama”, dont témoignent les membres d’AED sur le terrain. Face à ce contexte, les chrétiens font preuve d’un “optimisme prudent”. L’ AED reste mobilisée face aux besoins de ces chrétiens qui connaissent aussi les difficultés du chômage et de la pénurie, partagées par l’ensemble du peuple syrien.
Voir la totalité de l’article sur le site de Zénit : Syrie : L’optimisme prudent des chrétiens | ZENIT – Français
Image Zénit
*L’AED est une fondation pontificale, créée en 1947 dans un esprit de réconciliation. Elle soutient les chrétiens partout dans le monde, là où ils sont confrontés aux persécutions et difficultés matérielles. https://aed-france.org
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Chrétiens de Syrie, les fantômes d’Assad
Cet article de Thomas Abgrall pour le texte a été publié dans l’hebdomadaire La Vie, n° 4145 du 6 février 2025.
Il part de ce que vit une famille chrétienne de Damas dont un fils, Sleimane, a disparu en 2013, vraisemblablement aux mains des services du régime d’Assad. Les recherches qu’elle a menées dans les diverses prisons et centres de détention n’ont donné aucun résultat, en onze ans. C’est l’une des formes de terreur par lesquelles le régime a assuré sa prise sur la population : laisser les proches dans l’incertitude sur ce qu’est devenue la personne disparue. Le frère de la victime déclare : “Qu’il soit chrétien ne l’a pas protégé face à ce régime mafieux. (…) Bachar El-Assad n’a cessé de dire qu’il protégeait les chrétiens, mais c’était pour jeter de la poudre aux yeux de l’Occident”.
Cette famille a tenté, en vain, de faire intervenir divers responsables d’Eglises. Ce qui pose la question de la manière dont les Eglises chrétiennes ont agi sur le dossier des disparitions. Se sont-elles réfugiées dans le silence ? Jacques Mourad, évêque syriaque catholique de Homs, dit qu’il est intervenu en faveur de certaines familles : “On m’a souvent reçu mais cela n’a pas abouti. Il s’agissait de personnes qui n’avaient rien à voir avec le conflit armé, mais on me répondait qu’ils étaient des terroristes et qu’ils devaient être jugés. Ensuite il devenait impossible d’obtenir la moindre nouvelle”. Les hiérarchies catholique et orthodoxe ont souvent soutenu jusqu’au bout le régime d’Assad, avec l’argument qu’il était leur seule protection face à l’islamisme radical. Ce qui a associé dans beaucoup d’esprits le destin des chrétiens à celui de la famille Assad.
Cette protection était fictive. Vincent Gelot, permanent de l’Œuvre d’Orient, note qu’elle n’a pas empêché la proportion de chrétiens en Syrie de passer de 15% en 2011 à environ 2% aujourd’hui. Ils ont donc fui la Syrie au même titre que leurs compatriotes musulmans. Et la minorité de chrétiens qui s’est opposée au régime a subi la même violence destructrice que le reste de l’opposition.
Thomas Abgrall conclut sur l’appel d’un archevêque syriaque orthodoxe à faire cesser cette perception erronée en Europe “d’un régime protecteur des chrétiens”. Deux prélats critiques du régime ont été enlevés à Alep en 2013 et ont disparu. L’archevêque Eusthatius Matta Roham, métropolite de Jezirah et de la vallée de l’Euphrate, qui lance cet appel, a lui-même dû fuir le pays après des tentatives d’assassinat.
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Les chrétiens de Syrie entre la peur et l’espoir