Dans le cadre de leur campagne d’Action de Solidarité Internationale, les délégations marseillaises et aixoises du Secours catholique ont accueilli, du 10 au 22 mai, deux représentants de Sadaka Reut, association partenaire en Israël/Palestine. Portrait de deux jeunes, témoins d’un vivre ensemble possible au cœur d’un conflit bientôt centenaire. Par Rémi Caucanas.
Yottam est âgé de 20 ans ; Samer n’a pas encore 19 ans. Yottam nous parle en anglais, Samer en arabe. Yottam est juif israélien, Samer est palestinien druze israélien. Tout deux sont témoins d’une histoire bloquée. Et tout deux partagent la conviction intime que pour sortir de l’impasse, pour passer à un dialogue constructif, il faut vivre ensemble, réellement. Yottam, Samer : deux complices dans la tourmente géopolitique, deux témoins d’espérance pour une paix improbable, deux acteurs du projet Sadaka Reut.
Sadaka Reut : l’amitié avant tout.
Créée en 1983 « par un groupe d’étudiants juifs et arabes en réaction directe contre l’influence grandissante des mouvements nationalistes et racistes à l’intérieur de la société israélienne » , Sadaka Reut (« amitié » en arabe et en hébreu) vise à offrir aux jeunes israéliens une alternative : un projet fondé sur le respect des droits de l’homme et le partenariat des communautés en Israël, alors que tout jeune bachelier est appelé à faire trois ans de service militaire. Dans ce cadre associatif, les volontaires comme Yottam et Samer sont amenés à participer à plusieurs activités comme l’animation d’ateliers artistiques (photographie, théâtre, etc.), principalement dans des écoles, dans l’idée de développer une approche critique de la situation actuelle et de contribuer à une culture de paix. Chacun des volontaires a pour mission de travailler en vis-à-vis de sa propre communauté. À ce propos, Yottam ne cache pas les problèmes qu’il a rencontrés, y compris et d’abord dans sa propre famille. L’originalité du projet réside surtout dans la vie en commun proposée aux volontaires. Vivant dans le même appartement, une même « communauté », pendant un an, des jeunes issus de différents milieux partagent ainsi repas, énergies et questionnements. C’est de ce vivre ensemble que Yottam et Samer sont venus témoigner chez nous.
Les chemins du témoignage.
Devant Marseille-Espérance, devant les jeunes de l’aumônerie du Merlan, devant Mgr Pontier et devant une centaine de personnes au Mistral vendredi 20 mars, devant le public de l’Union des Familles Musulmanes, devant des lycéens, des membres de la communauté juive à Aix-en-Provence, ils ont tenu ce discours fondamental et audacieux d’artisans de paix. Et au fur et à mesure de leurs rencontres, nos deux jeunes témoins sont agréablement surpris de l’intérêt porté par tant de personnes sur le conflit israélo-palestinien ; intérêt qui contraste avec l’implication au niveau des États. « Les États européens ne font rien ou très peu pour Gaza » nous disent-ils. Certes il y a les organisations humanitaires mais toutes sont sous le contrôle de l’État israélien nous expliqueront-ils. Et quand on leur parle d’Obama, Samer, avec son portrait du Che accroché autour du cou, sourit amèrement : « on attend toujours ».
Au croisement des routes et des projets, ils ont aussi pu nous écouter, nous qui sommes bénévoles à Notre-Dame Limite, Béthanie, aux Caillols ou ailleurs, nous qui sommes accueillis du Terras et de la Bricarde, nous qui sommes partenaires du Secours catholique : Comité Catholique contre la Faim et le pour le Développement, EAPPI (Programme Œcuménique d’Accompagnement en Palestine et en Israël), jeunes du réseau Mosaïques, de l’association Chemins de dialogue, etc. Ils ont vu le travail qui se fait aussi à Marseille et ce génie propre à notre ville, bien que souvent défiguré. Et du haut de Notre-Dame de la Garde ils auront peut-être pu prendre la hauteur nécessaire pour voir plus loin que l’horizon méditerranéen, plus loin que l’horizon humain et suivre les voies d’espérance dont ils sont des acteurs privilégiés.
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L’Action de Solidarité Internationale recrute ! De Marseille à Jérusalem en passant par la Roumanie, la délégation marseillaise du Secours catholique vous propose une plongée dans la solidarité euroméditerranéenne.
Contact : Secours Catholique – 04 91 75 51 10 – etienne.noel@secours-catholique.org