Depuis sa création en 1951, l’agence de voyage de Nabil Shurafa fait figure de baromètre de la liberté de mouvement dans le territoire palestinien. Le téléphone sonne enfin dans le bureau de Nabil Shurafa. Ces trois dernières années, cet agent de voyage dans un territoire aux frontières fermées avait quasiment cessé toute activité. Mais depuis le mois de juin, les clients franchissent de nouveau les portes de l’agence installée dans le vieux quartier de la ville de Gaza, au rythme d’une petite dizaine de réservations par jour. Le poste frontière égyptien de Rafah est désormais ouvert. Une faveur de l’Égypte après l’assaut meurtrier de la marine israélienne contre les bateaux de la flottille pour Gaza, au mois de mai dernier. « On respire un peu, confie Nabil Shurafa. Cet été, beaucoup de gens sont sortis de Gaza. Des Palestiniens qui n’avaient pas pu voir leur famille depuis plusieurs années reviennent aussi le temps d’une visite. »
Une liberté surveillée. Pour avoir le droit de prendre un bus égyptien qui les emmènera directement à l’aéroport du Caire, sous escorte policière, les Palestiniens candidats au départ doivent se munir de multiples autorisations et s’armer de patience. Mais même muni de tous les sésames nécessaires, le passage reste aléatoire. Nabil passe ainsi le plus clair de son temps à modifier les billets de ses clients en fonction de leur avancée à la frontière. « Les gens ne peuvent pas toujours arriver à l’aéroport dans les temps, alors je fais des réservations au dernier moment, je change les dates pour éviter de perdre le billet. C’est pour cela qu’ils font appel à nous plutôt qu’à un site Internet. » Depuis sa création en 1951, l’agence Shurafa fait figure de baromètre de la liberté de mouvement dans la bande de Gaza. À l’époque, le territoire était sous tutelle égyptienne. « On pouvait prendre le train directement de Gaza jusqu’au Caire », se souvient Nabil.”