«Avec la disparition des chrétiens d’Orient, l’Occident perdrait ses propres racines»
Alors que les ministres des affaires étrangères de l’Union européenne ont rejeté lundi 31 janvier un texte commun sur la liberté religieuse, ce jésuite, évêque d’Alep des Chaldéens, explique pourquoi le problème des chrétiens d’Orient concerne aussi l’Europe. ENTRETIEN – Mgr Antoine Audo – Évêque d’Alep des chaldéens (Syrie)
La Croix : Pourquoi attendre une réaction des instances européennes ?
Mgr Antoine Audo : L’Union européenne a quelque chose à dire à nos pays éprouvés par l’instabilité. Il suffit de relire l’histoire entre l’Europe et le Moyen-Orient, la tradition d’échanges autour du bassin méditerranéen…
Plus que jamais, la contribution européenne est donc très attendue par les Orientaux. Il s’agit notamment d’équilibrer la puissance américaine, qui s’exprime avec l’occupation de l’Irak et le soutien inconditionnel à Israël.
À mon sens, l’Europe peut contribuer à faire évoluer les mentalités. Il est par exemple intéressant de remarquer qu’à l’occasion de la messe d’ouverture à Rome du Synode pour les Églises d’Orient, Benoît XVI a repris le concept de « laïcité positive » tel que Nicolas Sarkozy l’avait formulé.
Cette notion peut-elle s’appliquer au Proche-Orient ?
Pas tout à fait. En effet, la laïcité renvoie à une idée de lutte, à une vision de séparation entre le domaine politique et religieux. Or, cette idée ne peut être admise dans une culture arabe et musulmane.
Lors du synode, nous avons préféré défendre le concept de citoyenneté, d’égalité devant la foi, de l’État au service de tous. Nous avons également mis en avant la notion de dignité de l’homme, qui parle à la culture arabo-musulmane. Voilà le type d’orientation que peut soutenir l’Europe. Lire l’article sur le site du journal La Croix. Télécharger l’article en PDF