Dans la nuit du mardi 8 au mercredi 9 mars, des affrontements ont éclaté entre les membres de deux communautés dans le quartier déshérité à forte population copte de Moqattam, au Caire, faisant officiellement dix morts et 110 blessés. Ces affrontements ont fait suite aux manifestations organisées au cours des derniers jours par la communauté copte pour protester contre l’incendie samedi de l’église Al-Chahidaine dans le gouvernorat de Helwan au sud du Caire. Déjà, lors de la nuit du Nouvel An, un attentat contre une église copte avait fait 23 morts.
Youssef Sidhom, rédacteur en chef de l’hebdomadaire de la communauté copte égyptienne Watani, revient sur les circonstances de ces violences et expose les attentes de cette communauté forte de 8 millions d’individus – soit 10 % de la population égyptienne – dans l’ère post-Moubarak.
“Comment expliquez-vous cette nouvelle flambée de violence entre chrétiens coptes et musulmans égyptiens ?
L’origine de l’attaque contre cette église du sud du Caire et de la flambée de violence qu’elle a suscitée est sociale et non religieuse. Ce n’est pas le premier incident de ce type, il y a eu auparavant de nombreux incidents en Haute-Egypte.
Tout est parti d’une relation amoureuse entre un homme copte et une femme musulmane. Une relation amoureuse entre un homme et une femme de religions différentes est, en Egypte, perçue de façon très négative par les deux communautés. Quand cette relation a été connue publiquement, cela a suscité un profond malaise social. De jeunes musulmans ont alors décidé de se venger.
Ce qui a déplacé cette affaire du terrain social au terrain religieux est que les musulmans considèrent ce genre d’affaire comme une atteinte à l’islam. Des musulmans ont donc attaqué les chrétiens du quartier, indifféremment de leur lien ou non avec le jeune homme mis en cause. Ils ont attaqué l’église, l’ont brûlée et détruite. Mais ils ont également expulsé les chrétiens de leurs maisons et les empêchent encore aujourd’hui de revenir, en proférant à leur encontre des menaces de mort.
Les chrétiens ont donc décidé de manifester dans le centre-ville du Caire, avec des musulmans modérés, pour demander que l’église soit reconstruite au même endroit, que l’armée garantisse que tous les chrétiens puissent retourner chez eux, qu’ils soient protégés et que les auteurs de ces actes soient arrêtés.” Lire la suite de l’article sur le site du journal Le Monde