Monde arabe : Faut-il discuter avec les islamistes ?

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Tribune Libre de Nabil Ennasri, président du Collectif des musulmans de France, publiée le 12 avril 2011 dans Témoignage Chrétien.

Depuis le début de la révolution du Jasmin en Tunisie, on assiste à la réapparition d’un discours alarmiste qui appelle Tunisiens et Égyptiens à redoubler de vigilance pour éviter une participation au pouvoir des « islamistes ». Cette vision est simpliste et dangereuse. Par Nabil Ennasri, président du Collectif des musulmans de France (CMF).

“Le vent de dignité qui souffle sur le monde arabe ne peut que réjouir les défenseurs de la liberté. Pour la première fois depuis les indépendances, une révolte populaire a chassé du pouvoir deux dictatures parmi les plus féroces de la région.

 

Le monde arabe est certainement au seuil d’un tournant historique, promesse d’une démocratie à venir. Encore faut-il savoir de quelle démocratie l’on parle.

 

Car depuis le début de la révolution du Jasmin en Tunisie, on assiste, particulièrement en France, à la réapparition d’un discours alarmiste, instrumentalisant la peur de l’islam et qui appelle Tunisiens et Égyptiens à redoubler de vigilance pour éviter une participation au pouvoir des « islamistes ».

 

Les tenants de ce propos estiment que l’émergence de la démocratie dans les pays arabes fera le jeu de ces partis à l’idéologie funeste. On entend même certains observateurs regretter l’âge d’or des dictatures arabes qui avaient au moins le mérite de contenir cette menace.

 

Cette vision est simpliste et dangereuse. Simpliste car on y élude la complexité et l’hétérogénéité des mouvements d’inspiration islamique qui, quoi qu’on en pense, constituent une réalité incontournable du monde arabe.

L’islam politique est divers et la quasi-totalité des partis qui s’en revendiquent ont fait le choix de la non-violence et souhaitent concourir à l’exercice du pouvoir en respectant les libertés fondamentales.

 

Dangereuse, car agiter le chiffon vert pour nier aux peuples arabes une réelle transition démocratique revient d’une certaine manière à infantiliser ces populations et à les placer sous tutelle. Le monde arabe serait un espace qui ne serait pas assez mûr pour s’approprier les mécanismes de la démocratie moderne.” Lire la suite sur le site du journal Témoignage Chrétien