Un point presse de l’Œuvre d’Orient, avant la journée des chrétiens d’Orient le dimanche 14 mai 2023.

Organisé par Armelle Milcent, chargée de la communication à l’Œuvre d’Orient, ce point presse avait pour objectif de rappeler la situation des différentes communautés chrétiennes avec lesquelles l’Œuvre d’Orient est en relation.

Intervention de Mgr Pascal Gollnisch, Directeur général

Il rappelle que le but de cette journée est d’abord de renforcer les liens spirituels entre chrétiens, catholiques, de différents rites et traditions. C’est une caractéristique de l’Œuvre, de rappeler une communion nécessaire, qui bénéficie aux chrétiens de France et d’Europe comme aux Églises d’Orient.

1 Dans la revue des situations, il insiste sur le souci constant que représente la guerre en Ukraine, drame qui se joue entre chrétiens, mais qui résulte pourtant d’une guerre d’agression caractérisée, personne n’ayant tenté d’agresser la Russie.

2 Il a ensuite rappelé la situation intolérable de l’Arménie, menacée par un blocus qui ne vise rien moins qu’à chasser de leurs terres des Arméniens chrétiens que la rhétorique officielle qualifie d’une manière clairement génocidaire, en appelant ouvertement au nettoyage ethnique. Il est incroyable que l’on puisse utiliser de tels mots après ce qu’ont connu les Arméniens au cours des siècles passés.

3 Au Liban, on n’en finit pas de voir la catastrophe se développer. Il lance un appel solennel à la communauté maronite qui, d’après la constitution libanaise, doit proposer des candidats à la Présidence de la République, aujourd’hui vacante. C’est la clé d’un déblocage économique, car, une fois un Président élu et un Premier ministre désigné, il sera de nouveau possible d’en appeler à l’aide internationale, indispensable pour que le pays puisse redémarrer.

4 En Syrie, la situation catastrophique est revenue au premier plan à cause du tremblement de terre de Février 2023. Les sanctions internationales ne sont pas seules à l’origine de cette paupérisation dramatique et globale. Il faut que le gouvernement en place ouvre au moins quelques voies d’évolution politique.

5 L’Irak reste menacé par la persistance de groupes armés, et les menées des puissants voisins que sont l’Iran et la Turquie.

6 L’Éthiopie et l’Érythrée sont en situation critique, malgré la fin des combats fratricides de l’an dernier. Les populations dépendent de l’aide alimentaire internationale, or le Programme Alimentaire Mondial vient d’y interrompre ses activités.

7 En Inde du Sud, les antiques Eglises de rite syriaque voient avec une certaine inquiétude se déployer le nationalisme au pouvoir en Inde, enraciné dans un hindouisme militant et a-priori hostile aux chrétiens (comme aux musulmans).

8 Enfin on ne peut se résigner en Israël Palestine à la perpétuation des attaques et des frappes qui se répondent. Toute une population se trouve réduite à la désespérance, sans issue possible à sa situation. La violence en résulte nécessairement. Il faut que des politiques se décident à ouvrir des voies d’avenir pour le peuple palestinien.

Intervention de Vincent Gelot,
responsable pays pour le Liban, la Syrie et la Jordanie.

1 Résidant au Liban depuis 7 ans, il voit la crise remonter bien en-deçà de 2019, lorsqu’ont éclaté des manifestations de rue, puis les dévaluations successives de la monnaie et l’assèchement des ressources financières des Libanais. Il faut revenir jusqu’à la guerre civile de 1975 à 1990.

Les écoles ont été particulièrement touchées par la crise des services publics. 30% des écoles dépendent des Églises, alors que l’État a fermé 30% des écoles publiques, laissant leurs élèves sans scolarité. Une école qui ferme, ce sont des enfants qui n’ont plus d’enseignement, ou bien qui sont récupérés par les écoles des Partis, avec les finalités idéologiques que cela implique. Il y a 320 écoles chrétiennes réparties sur tout le territoire libanais. Certaines avaient une clientèle aisée, mais beaucoup avaient des élèves très modestes, dont les parents aujourd’hui n’ont plus les moyens de payer la scolarité. Ces écoles vient “sous perfusion” de l’Œuvre d’Orient, avec l’aide d’un fond public français de soutien aux écoles.

Tout le tissu des responsables associatifs est aujourd’hui victime de burn-out, du fait des conditions de vie et de l’absence d’issue visible. Il n’y a d’électricité publique qu’une ou deux heures par jour, ce qui grève tout travail de service social ou d’utilité économique. Pour continuer à fonctionner, les organismes ont recours à des générateurs à essence qui sont hors de prix.

L’État libanais n’honore plus depuis 2016 les contrats signés avec ces organismes. Il est impératif qu’il satisfasse à ses obligations. Les Libanais sont obligés d’accepter l’inacceptable et n’en peuvent plus.

2 La Syrie vit une guerre effroyable depuis 12 ans. Dans l’ensemble du pays 96% de la population vit sous le seuil de pauvreté, avec 20 ou 30 dollars par mois. 20% de la population a fui le pays, 15% sont des déplacés intérieurs. Quant à la communauté chrétienne, on estime qu’elle ne compte plus qu’un tiers de sa population d’avant la guerre. Par exemple, Alep comptait 150 000 chrétiens en 2011, ils ne sont plus que 30 000 en 2023.

Il faut saluer le courage de la jeunesse syrienne chrétienne et les initiatives qu’elle prend. Des lieux d’étude sont organisés, qui permettent à des milliers d’étudiants de travailler, avec du chauffage, de l’électricité et des liaisons internet. Il y a aussi une aide au redémarrage d’une certaine activité économique. On craint cependant la disparition de cette minorité active, dont le rôle serait fondamental dans la reconstruction de la société syrienne, et plus encore dans sa réconciliation, car la guerre a d’abord été une guerre civile, avec un fond de haine qui sera difficile à résorber.

Le soutien aux groupes de jeunes est ainsi une priorité. Il faut que des jeunes de Syrie et du Liban puissent participer aux prochaines JMJ, à Lisbonne. C’est aussi pour eux une manière de sortir la tête de l’eau et de bénéficier d’un temps de renouveau.

Témoignage de Félix,
volontaire en Arménie.

Il travaille dans un petit séminaire arménien catholique, donnant des cours de français et participant aux offices et aux activités de la communauté. A ces jeunes il entend donner un soutien moral malgré la barrière de la langue.

– Rappel des manifestations prévues dans toute la France à l’occasion de la journée des chrétiens d’Orient le dimanche 14 mai 2023. Mgr Gollnisch conclut en insistant sur le fait que cette journée est gratuite, elle ne vise pas à collecter des fonds, mais bien plutôt à enraciner l’action dans la prière.

Image Œuvre d’Orient

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