Clinton érige la Turquie en modèle pour le printemps arabe.
Un article paru sur le site de l’Orient le jour le 18/07/2011.
Hillary Clinton, chef de la diplomatie américaine, a érigé samedi la Turquie en modèle pour le monde arabe en mutation. « La région, et les peuples du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord en particulier, veulent tirer les leçons de l’expérience de la Turquie. Il est vital qu’ils apprennent les leçons que la Turquie a apprises et qu’elle met en pratique tous les jours », a déclaré la secrétaire d’État lors d’une conférence de presse à Istanbul avec son homologue Ahmet Davutoglu. « L’histoire de la Turquie rappelle que le développement démocratique dépend de dirigeants responsables, a-t-elle ajouté. Il est important que ces dirigeants responsables se fassent les mentors de la nouvelle génération de dirigeants dans ces pays. »
Lors de sa visite en Turquie, Mme Clinton en a profité pour affirmer haut et fort la vigueur des liens « solides » entre Washington et l’unique pays musulman membre de l’OTAN. Son homologue Ahmet Davutoglu a renchéri à ses côtés, décrivant une « relation bilatérale parmi les mieux structurées au monde ». Le ministre turc a aussi encensé « un partenariat moderne » allant plus loin que le simple lien d’intérêt stratégique et insisté sur les investissements économiques croisés entre les deux pays, qui ont encore progressé de 50 % depuis le début de 2011. Ces protestations d’amitié succèdent à plusieurs controverses qui avaient suscité des commentaires inquiets aux États-Unis sur une possible « dérive vers l’Est » de la Turquie. Ankara est resté en froid avec Israël, l’un des alliés les plus proches des États-Unis, depuis la querelle de la flottille d’aide pour Gaza en 2010, dont neuf membres turcs ont été tués dans une opération de l’armée israélienne. La Turquie avait aussi vivement contesté, l’année dernière, l’imposition par l’ONU de nouvelles sanctions à l’Iran en raison de son programme nucléaire. Sous la houlette du gouvernement islamo-conservateur de Recep Tayyip Erdogan, la diplomatie turque n’hésite pas à faire entendre sa différence et pèse de plus en plus sur les principaux dossiers régionaux, de l’Iran au processus de paix israélo-palestinien, en passant par la Syrie et le Liban.
Washington a par ailleurs été impressionné par l’accueil récent de milliers de réfugiés syriens à la frontière turque. Mme Clinton a reconnu cet impact samedi en qualifiant la Turquie de « leader dans la région et au-delà, un allié de valeur face aux défis mondiaux les plus pressants ». Elle a aussi contesté l’idée que la Turquie ait à choisir entre l’Occident et l’Orient, et réaffirmé le « soutien entier et enthousiaste » de Washington à l’entrée de la Turquie dans l’Union européenne.
Seule ombre dans ce tableau laudateur, la secrétaire d’État a froncé les sourcils à propos des arrestations de journalistes – plus de 50 depuis le début de l’année –, une tendance qu’elle a jugée « préoccupante » et « incohérente avec toutes les avancées de la Turquie ».