Ce site a reçu de Luc Balbont l’autorisation de publier ses articles une fois qu’ils sont parus sur les autres médias auxquels il collabore. Luc Balbont est administrateur de CDM.
Article original : https://blog.balbont.oeuvre-orient.fr/proche-orient-dautres-moyens-que-la-violence/
Dans les différents débats et thèmes évoqués au Liban, le désarmement du Hezbollah, la milice islamique chiite libanaise, créée par l’Iran en 1982 pour combattre l’armée israélienne, est un sujet qui revient en force dans les médias locaux, depuis l’offensive israélienne d’octobre 2023. Le site d’informations “Ici Beyrouth” ne fait pas exception.
Peut-on désarmer le Hezbollah ? “Ce ne sera pas facile, confie Michel Touma, co-fondateur et patron du site, mais le Hezbollah a beaucoup perdu de sa puissance depuis octobre 2023. 80% de la population libanaise, toutes confessions confondues, soutient aujourd’hui le gouvernement libanais qui entend désarmer la milice d’ici la fin de l’année. Les Libanais ont beaucoup donné pour la Palestine : quinze ans de guerre civile entre 1975 et 1990, avec au final un pays totalement à plat et à reconstruire. Après 1990, le Hezbollah aux ordres de l’aile radicale du gouvernement iranien, et armé par lui, a pris le relais en imposant ses diktats à une armée libanaise considérablement affaiblie. Le peuple ne veut plus s’engager comme il l’a fait pour la Palestine, dans ce que beaucoup de Libanais appellent encore la ‘guerre des autres’. Exceptés les irréductibles, les Libanais entendent aujourd’hui vivre enfin en paix.“ (1)
Marc, un chrétien syrien, ingénieur en informatique réfugié à Beyrouth pour fuir la dictature du régime Assad en 1994, se demande à quoi ont servi toutes ces guerres :
“Je suis né en 1948, et je n’ai vécu qu’une succession de massacres en Syrie, au Liban, mais aussi en Jordanie, en Egypte, en Palestine, au Yémen ; des guerres claniques, religieuses, tribales. Des guerres où mouraient des innocents, et qui se terminaient toujours par des promesses de paix jamais tenues. J’ai dû quitter mon pays, ma maison, mes amis pour survivre aujourd’hui dans le Liban voisin. Les musulmans intégristes de l’État islamique, du Hezbollah ou du Hamas comme les extrémistes juifs du gouvernement israélien actuel désirent-ils vraiment une paix durable ? Quant à eux, ces tueries leur donnent une identité et une raison valable d’exister.”

Au sud Liban, non loin de la frontière israélienne, Hassan, musulman de confession chiite, invité avec sa famille dans une ville du nord par un ami chrétien à une fête d’anniversaire, m’expliquait à la fin de l’année dernière pourquoi il avait quitté le Hezbollah :
“J’ai 30 ans, mon premier enfant vient de naître. J’ai envie qu’il grandisse dans un pays harmonieux. Comme beaucoup de chiites je ne veux plus vivre dans la guerre. Et mourir pour le compte d’une puissance étrangère. Je suis Libanais avant tout, prêt à m’engager pour défendre mon pays, la liberté de s’exprimer, la douceur de vivre de ce pays qui m’a vu grandir, mais je n’ai aucune envie de me sacrifier pour l’Iran et son régime politique, qui nous poussent à combattre. Je suis croyant mais pas fanatique. Il existe d’autres moyens que la violence pour soutenir la création d’un État palestinien. Beaucoup de mes amis partagent mon opinion.”
Propos recueillis par Luc Balbont.
(1) A lire sur le portail suisse de l’Église catholique cath.ch : “Un ex-combattant du Hezbollah témoigne”, de Luc Balbont, le 2 décembre 2024. https://www.cath.ch/newsf/liban-un-ex-combattant-du-hezbollah-temoigne/
Image Luc Balbont.