Mur à la frontière et hydrocarbures offshore : le Liban prêt à “contrer l’agression israélienne”
Alors que la tension monte depuis plusieurs jours entre le Liban et Israël sur fond de construction d’un mur frontalier dans une zone contestée par Beyrouth et d’exploitation d’hydrocarbures offshore, les autorités libanaises se sont dit prêtes à “contrer l’agression israélienne”, l’État hébreu appelant pour sa part à une “solution diplomatique” au dossier des ressources offshore.
Le conseil supérieur de la défense, qui s’est réuni mercredi sous la présidence du chef de l’État Michel Aoun, a donné ses directives pour “empêcher Israël de construire à la frontière un mur de séparation” contesté par le Liban afin de “contrer cette agression”.
“Ce mur, s’il est érigé, sera considéré comme étant une agression en territoire libanais et constituera une violation claire de la résolution 1701 du conseil de sécurité de l’ONU (mettant fin à la guerre de 2006, ndlr)”, peut-ont lire dans le communiqué publié à l’issue de la réunion du CSD. “Il a donc été décidé de continuer à agir au niveau régional et international pour préserver les droits du Liban, a indiqué le CSD. Le conseil a donné ses directives pour contrer cette agression et empêcher Israël de bâtir un mur de séparation sur le territoire libanais”.
En soirée, le porte-parole de la Force intérimaire des Nations unies au Liban, Andrea Tenenti, a indiqué qu’Israël “a en effet débuté des travaux au sud de la Ligne bleue”. “Nous suivons ce qui se passe et nous sommes en contact avec les deux parties de part et d’autre de la frontière et nous tenons à résoudre cette question et prévenir toute tension ou escalade”, a ajouté le responsable onusien, dans un communiqué rapporté par l’Agence nationale d’information (Ani, officielle). Lundi, les représentants des armées libanaise et israélienne avaient tenu, sous la houlette de la Finul, une réunion tripartite mensuelle à Nakoura, pour évoquer ce dossier.
Les autorités libanaises ont exprimé à plusieurs reprises leur opposition à la construction de ce mur et estiment que 13 points litigieux, sur lesquels Israël compte édifier ce mur, se trouvent en territoire libanais. Les 13 points frontaliers sont revendiqués par le Liban depuis 1923, date de la délimitation des frontières entre le Liban et la Palestine par le comité Paulet-Newcombe. L’État hébreu a déjà édifié un mur en 2012 au niveau du village de Kfar Kila.
“Solution diplomatique”
Outre l’annonce de ce projet de mur, les tensions entre Israël et le Liban se sont également accrues depuis l’apparition d’un contentieux concernant l’exploitation d’un gisement de gaz offshore situé dans un secteur contesté le long de leur frontière maritime internationale.
Dans son communiqué, le CDS a accusé Israël “d’agression dans la zone économique exclusive maritime sur une superficie de 860 km²” et a rejeté “les déclarations et les agressions israéliennes relatives à la richesse pétrolière et gazière dans les eaux libanaises”.
Côté israélien, le ministre de l’Énergie de l’État hébreu a fait savoir qu’il voulait trouver un compromis avec le Liban, rapporte l’agence Reuters. “Nous espérons, et nous sommes prêts à discuter afin de trouver une solution diplomatique à ce sujet”, a déclaré Yuval Steinitz au site Ynet, réagissant aux propos du ministre israélien de la Défense, Avigdor Lieberman. Ce dernier avait accusé le Liban de “provoquer” Israël en lançant les procédures pour l’exploitation des ressources offshore dans le bloc 9, proche de ses frontières.
Le bloc 9 est un des deux blocs, avec le bloc 4, de la zone économique exclusive (ZEE) libanaise pour lesquels le Liban a attribué des licences d’exploration et de production d’hydrocarbures offshore, au terme d’une procédure d’appel d’offres. Alors que le bloc 4 se situe au centre de la Zone, le bloc 9 se situe à sa frontière-sud et longe la ligne de démarcation revendiquée par le Liban, et qu’Israël considère donc comme appartenant à sa ZEE.
Mardi, le président Aoun, le Premier ministre, Saad Hariri, et le chef du Législatif, Nabih Berry, avaient abordé “les menaces sécuritaires israéliennes contre la souveraineté du Liban” et s’étaient mis d’accord sur la poursuite du forcing diplomatique du Liban pour contrer les projets israéliens.