Face à la déchirure d’aujourd’hui qui oppose Israël aux Palestiniens, le Père Musallam songe à l’avenir. Il prépare le temps où toutes les religions, en particulier les trois monothéismes, partageront une culture commune dans un pays démocratique. On se rappelle que, pendant la guerre de l’hiver 2008-2009,
«les religions dans la ville» de Gaza faisaient bloc autour du Père Musallam. Celui-ci considérait que ses appartenances religieuses le mettaient au service de tous les Gazaouis.
L’itinéraire d’un prêtre palestinien
Nous avons rencontré le Père Musallam la veille même du jour où la flottille venant au secours de Gaza était arrêtée par Israël dans les eaux internationales.
Ce Palestinien nous a raconté son itinéraire personnel. Prêtre du Patriarcat latin de Jérusalem, ordonné en 1963, il a connu toute l’histoire de la Palestine et vécu tous les drames traversés par son peuple depuis la naissance d’Israël. Il s’est intéressé à notre expérience et à nos questions. Le problème « des religions dans la ville » s’est posé constamment à lui mais il a été vécu tout autrement qu’en France. Le Père insiste pour souligner les différences. Musulmans et chrétiens en Europe cherchent les voies de la cohabitation. En Palestine, musulmans et chrétiens ne cohabitent pas mais partagent la même culture, le même destin et aujourd’hui les mêmes souffrances et les mêmes espoirs. Il s’insurge contre tous ceux qui en Europe ou aux Etats-Unis voudraient courir au secours des chrétiens du Proche-Orient. Ces derniers n’attendent aucune autre aide que celle de leur peuple.
Chrétiens ou croisés ?
Oui, bien sûr, on rencontre des extrémistes en Palestine. Lorsqu’il était curé à Gaza, les salafistes et les djihadistes avaient réagi violemment lors de l’affaire des caricatures du Prophète ; ils faisaient circuler un texte promettant de détruire les églises, de massacrer tous les chrétiens et de les dépouiller de tous leurs biens. Le Père Musallam et ses paroissiens prirent peur ; leurs amis musulmans leur promirent de venir avec eux pour les protéger. Quant aux djihadistes eux-mêmes, ils vinrent trouver le curé pour lui dire leur étonnement : « Quand nous évoquons les chrétiens, nous ne faisons pas allusion à vous ! Vous êtes ceux dont parle le Coran : des Nazaréens pour lesquels nous avons le plus grand respect. Les chrétiens auxquels nous voulons nous attaquer sont les croisés c’est-à-dire les Occidentaux ». Ils firent ensuite une déclaration solennelle pour dissiper les malentendus. Lire la suite de l’article de Christine Fontaine sur le site “La maison Islamo Chrétienne”