Le bouleversement du monde : l’après 7 octobre.

C’est par une analyse fouillée et complète que Gilles Kepel nous présente sa vision du monde occidental et de la question israélo-palestinienne post 7 octobre 2023. Si l’on scrute les quatre chapitres qui composent son livre, nous sommes en effet dans une dimension assez pessimiste de la situation, de sa non-résolution et de ses conséquences internationales :

Chapitre I : La razzia et l’hécatombe : un effet de souffle.
Chapitre II : La mondialisation brutale.
Chapitre III : Les nouvelles lignes de faille.
Chapitre IV : La polarisation identitaire.

Les diverses analyses et sources historiques présentées dans cet ouvrage permettent à l’auteur, et donc, a fortiori, au lecteur, de comprendre une situation presque figée.

Bien sûr, de longs exposés nous présentant l’histoire depuis 1947-48, nous aident à comprendre que les terribles événements du 7 octobre 2023 – massacre horrible et incompréhensible – ne sont pas intervenus dans une merveilleuse histoire contemporaine en Israël. De nombreux exemples nous rappellent combien la création de l’État d’Israël est émaillée, elle aussi, de souffrances.

La connaissance qu’a l’auteur du Moyen-Orient nous permet de comprendre ce qui s’est joué en 1947-1948 dans cette région du monde.

La responsabilité des États occidentaux n’est pas non plus ignorée : celle du Royaume-Uni, de la France, des USA, de l’ONU mais celle, aussi, des pays arabes.

Quant à la question identitaire – la question des responsables politiques de droite, voire d’extrême-droite en France mais aussi en Europe –, elle est rappelée dans un important chapitre, mais ne permet pas, nous semble-t-il, de faire la clarté sur d’éventuelles solutions et réponses pour arrêter les massacres de populations civiles non responsables des tueries.

Sa conclusion : “Les événements du 7 octobre et leurs suites ont ainsi précipité un bouleversement du monde qui pousse ses racines dans la longue durée d’une histoire dont la mémoire est convoquée pour justifier les conflits qui déterminent le présent et le proche avenir du monde contemporain tout en fracturant nos sociétés selon des lignes de faille inédites…”, nous porte à croire en une situation inextricable…

Cela renvoie à ce qu’il nomme “un dialogue de sourds” qui obérerait l’avenir.

Sans partager cette vision, nous sommes las de reconnaître qu’en effet, les efforts de paix, de solutions diplomatiques, de cessation de la guerre à Gaza, d’entrée de l’aide humanitaire se heurtent à toujours plus de fermeté, voire d’inhumanité de la part des responsables israéliens.

Certaines associations, y compris des ONG chrétiennes françaises mais aussi états-uniennes et de quelques autres États, parlent même de génocide en cours.

Puisse le droit international être le chemin de la paix et de la réconciliation. Reconnaitre un État de Palestine semble être une réponse évidente à cette fuite en avant décrétée et générée par le premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou.

Gilles Kepel sans doute y contribue par cette analyse complète et bien documentée sur l’histoire du Moyen-Orient mais aussi du monde occidental et des sociétés civiles qui les composent.

Marilyn Pacouret

Présidente de l’association Chrétiens de la Méditerranée

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A lire :

Atlas des Palestiniens : un peuple en quête d’un État/Pierre Blanc.-Paris : Editions Autrement, 2025 ; https://www.autrement.com/atlas-des-palestiniens-itineraire-d-un-peuple-sans-etat/9782080469243

Ci-gît l’humanité : Gaza, le génocide et les médias / Meriem Laribi ; préface d’Alain Gresh .-Paris : Editions Critiques, 2025 : https://editionscritiques.fr/produit/ci-git-lhumanite-meriem-laribi/

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