L’église de la Sainte-Famille à Gaza. Du blog de Luc Balbont sur le site de l’Œuvre d’Orient.

L’église de la Sainte-Famille à Gaza. Dernier refuge des chrétiens.

Enseigner la Palestine pour la faire vivre

Ce jeudi 17 juillet 2025, alors, que je venais d’envoyer le texte sur l’Eglise de la Sainte-Famille de Gaza pour le blog de L’Œuvre d’Orient, nous apprenions que l’armée israélienne venait de la bombarder.

Le P. Romanelli, curé de Gaza, compte parmi les blessés, mais on attend encore des informations complémentaires pour dresser un bilan définitif de l’attaque.

Luc Balbont.

Dans le quartier al-Zaytoun, au sud de la vieille ville de Gaza, ce bâtiment de pierres blanches surmonté d’une croix (photo), situé le long de la rue al-Kamalia est la seule église catholique de la petite Bande bombardée par l’armée israélienne depuis bientôt deux ans.

D’allure modeste, l’Église de la Sainte Famille ressemble à une petite chapelle d’un village français. Rien en elle ne retient le regard. Le début de sa construction remonte à la fin du XIXe siècle, 1869 ou1879 ? La date est incertaine, on sait juste qu’elle sera terminée beaucoup plus tard. Gaza, la ville est surtout connue comme le lieu de passage de Marie et de Joseph, fuyant le massacre des innocents avec l’enfant Jésus vers l’Egypte.

Qui pourrait imaginer que cette petite église a été de tout temps, non seulement le refuge spirituel de la minorité catholique gazaouie, mais depuis le 7 octobre 2023 de toute la communauté chrétienne de Gaza ? Agressée chaque jour par Israël, les chrétiens orthodoxes viennent aussi s’y réfugier. La peur pousse parfois à l’œcuménisme.

Curé de Gaza, le P. Romanelli se souvient de son arrivée en 2019, et rappelle que “Gaza comptait alors 3500 chrétiens, dont une majorité d’orthodoxes” (1) Aujourd’hui il en reste environ 500, tous réfugiés dans cette église, 400 orthodoxes à peine et moins de 100 catholiques. Chaque année, des familles chrétiennes, inquiètes pour l’avenir de leurs enfants, continuent d’émigrer. Un crève-cœur, car leur présence joue un rôle essentiel pour maintenir une nécessaire diversité à une paix citoyenne durable.

Sous les bombes israéliennes, la vie doit continuer.

Dès le début de l’offensive israélienne, au lendemain de l’attaque du Hamas, le 7 octobre 2023, le P. Gabriel a ouvert les portes de son église aux réfugiés. Enfermés entre les murs de la paroisse sans pouvoir sortir, femmes et hommes privés d’intimité dorment là où ils peuvent, à même le sol, pas de cabinet de toilette, eau rationnée. Le plus important est de montrer aux enfants qu’ici la vie continue.

Pour maintenir l’espoir dans ce désastre sans fin, deux religieuses et trois prêtres du Verve incarné enseignent et organisent des jeux et des cours chaque jour pour 180 enfants palestiniens. De l’intérieur de l’église, on entend le bruit des obus. Dans cette guerre, où les gamins sont entourés de références guerrières et de brutalité, s’efforcer de leur faire oublier la violence, et de leur donner des moments de joie et des raisons d’espérer, est la première mission de l’équipe enseignante.

L’objectif est aussi de présenter pacifiquement à ces enfants la présence de la Palestine, et de rappeler le rôle qu’ont tenu les chrétiens de Gaza dans son histoire par des attitudes et des paroles de paix, afin qu’ils n’oublient jamais qui ils sont, et ce pays où ils ont vu le jour.

Toute l’année, l’équipe continue de suivre le programme académique de ce qui reste du ministère de l’Autorité Palestinienne (AP), qu’elle poursuit l’été, quand les cours s’arrêtent, durant les vacances, par des activités plus ludiques… Une manière d’inscrire dans ces jeunes mémoires l’histoire de leur terre… De cette église de la Sainte Famille dont l’avenir est incertain, et forger à jamais l’idée d’une Palestine, dont on veut les chasser.

Luc Balbont

Texte et image Luc Balbont. Ce site a reçu de Luc Balbont l’autorisation de publier ses articles une fois qu’ils sont publiés sur le site de l’Œuvre d’Orient. Article original :

blog.balbont.oeuvre-orient.fr/leglise-de-la-sainte-famille-a-gaza-dernier-refuge-des-chretiens/

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