Le curé de Gaza à Marseille en juin 2010

Le P. Manuel Musallam, qui fut curé à Gaza de 1995 à 2009, entamait une tournée en France pour alerter l’opinion sur la situation dans les Territoires palestiniens, alors que l’armée israélienne arraisonnait une flottille humanitaire. Il était à Marseille les 6 et 7 juin dernier.

C’est un homme impressionnant qui sort du train. Impressionnant par un physique à la fois puissant et fragile, impressionnant par la lumière qu’il dégage, impressionnant par l’affection qui l’entoure, celle de sa soeur Siham et de son ami Jean-Claude Petit.

En ce dimanche 6 juin, le P. Musallam, avec sa canne et son béret basque, arrive à la énième étape d’une tournée digne
des plus grands artistes : Paris, Lyon, Annecy, Valence, et enfin Marseille. L’éternel curé de Gaza n’est cependant pas venu pour remplir le Dôme, mais pour crier justice et pour témoigner. Témoigner d’abord devant les médias de la région : presse écrite, télévision, radios l’ont tour à tour écouté, filmé, enregistré. Il faut dire que l’homme a un charisme et un débit à faire frémir. Témoigner encore et surtout devant les autorités ecclésiales : Mgr Pontier l’a reçu le dimanche, après une cérémonie à Notre-Dame de la Garde. Témoigner devant les musulmans de Marseille à l’Union des Familles Musulmanes des Bouches-du-Rhône. Témoigner enfin devant un public très nombreux venu l’écouter dans l’amphithéâtre du Mistral.

Justice, vérité, pardon
Plus de 200 personnes étaient présentes, à l’invitation de l’Institut Catholique de la Méditerranée et du Secours Catholique, pour entendre le cri du prêtre palestinien. « Je me sens avant tout arabe, puis palestinien, puis
chrétien et enfin prêtre », dit-il d’emblée. Car c’est en tant que citoyen palestinien, mandaté par l’Autorité palestinienne pour les relations avec les chrétiens du monde entier, que le P.Musallam s’est exprimé. Une semaine après l’arraisonnement du convoi humanitaire international par l’armée israélienne au large de Chypre, le « pape de Gaza » a pointé les différentes entraves à une paix viable : l’inexistence de rapports entre les
sociétés civiles israélienne et palestinienne, la colonisation sauvage des territoires palestiniens de Cisjordanie, le blocus et l’occupation de la bande de Gaza, etc. Devant cette réalité, et se plaçant en contradiction avec les médias occidentaux, le P. Musallam défend la cohésion nationale qui existe en Palestine, malgré les confessions différentes, défend le Hamas, protecteur des chrétiens palestiniens, défend le droit à l’« existence avec » qui rassemble et non pas la « coexistence » qui sépare. Car une paix durable est possible selon lui. Elle passe d’abord par la justice. Elle passe aussi par la vérité. Elle passe surtout par le pardon, indispensable à une réconciliation entre les peuples. La justice, la vérité, le pardon : n’est-ce pas ce message trinitaire que les chrétiens du monde entier doivent porter, ensemble ?. Rémi Caucanas de l’ICM et secrétaire adjoint de Chrétiens de la Méditerranée