Le cardinal Bechara Raï a célébré l’amitié franco-libanaise

Le cardinal Bechara Raï (au centre) a célébré la messe pour la France en présence de l’ambassadeur de France au Liban Patrice Paoli, assis à la place d’honneur (à droite). Photo bkerke.org

Le cardinal Bechara Raï (au centre) a célébré la messe pour la France en présence de l’ambassadeur de France au Liban Patrice Paoli, assis à la place d’honneur (à droite). Photo bkerke.org

Le cardinal Bechara Raï, patriarche maronite d’Antioche, a célébré, lundi 1er avril à Bkerké, près de Beyrouth (Liban), la traditionnelle messe « aux intentions de la France, de l’État et du peuple français » célébrée chaque lundi de Pâques en présence de l’ambassadeur de France.

« Les événements inquiétants et douloureux qui nous menacent nous invitent, Français et Libanais, à multiplier nos efforts au service de la paix, de la dignité des hommes et des femmes et du bien-être de l’humanité », a insisté le patriarche dans son homélie.

« À ce moment précis où cette région du monde, jadis berceau des civilisations, souffre de divisions, de conflits, de malheurs, de sang et de larmes, nous faisons appel à la raison et à la paix entre les hommes », a-t-il continué, en référence au conflit syrien et à ses répercussions au Liban. Selon lui, « la France des valeurs n’est pas loin de comprendre la misère des innocents et l’espérance de ceux qui souffrent. La France des Lumières ne sera pas indifférente, non plus, face à la montée du radicalisme et du fondamentalisme et à la prolifération d’un obscurantisme fort des contradictions politiques et des pesanteurs régionales et internationales ».

« Des forces obscures œuvrent à désarticuler les États et les institutions »

Pour le patriarche libanais, « les chrétiens d’Orient se sentent de plus en plus délaissés dans leur passion de rester sur leurs terres ancestrales et de continuer d’y promouvoir les valeurs chrétiennes et culturelles et celles de la modernité ». Et de souligner que les chrétiens sont des « citoyens originaires dans leurs différents pays depuis 2000 ans » et qu’« ils ne peuvent pas être considérés comme des minorités chez eux ». « Ils ne demandent pas d’être protégés, a-t-il martelé. Ils réclament plutôt leurs droits de citoyenneté, tout comme les autres concitoyens musulmans ou juifs. »

Devant l’ambassadeur de France au Liban, Patrice Paoli, le cardinal Raï a également dénoncé les « forces obscures œuvrent à désarticuler les États et les institutions, et à tenter inlassablement d’allumer la “fitna” (division religieuse, NDLR) entre les différentes confessions jusque-là paisiblement coexistantes, et, quelle ironie ! au nom de la démocratie et du “printemps arabe” ».

Une tradition séculaire

Un peu plus tard, lors du déjeuner offert à l’ambassade de France, le patriarche Raï a rappelé que « l’amitié franco-maronite est, par le fait même, franco libanaise ». « Toute collaboration entre la France et les maronites est toujours en faveur du Liban », a-t-il insisté dans son toast, soulignant les causes communes de la France et du Liban : « favoriser la convivialité islamo-chrétienne, la connivence entre les cultures, les libertés individuelles et collectives, le pluralisme qui est source de richesse, et ne semble pas unanimement partagé », « appuyer auprès des instances internationales la reconnaissance et l’instauration de la neutralité juridique, positive et effective du Liban », « œuvrer pour mettre fin à la violence et à la guerre en Syrie, et inviter les partis en conflit à la table de négociations, en vue d’une solution juste, équitable et durable »

Cette messe annuelle aux intentions du peuple français et de la France puise son origine dans la charte du roi saint Louis envoyée le 24 mai 1250 au patriarche maronite et qui avait affirmé son « amitié sincère (…) envers la nation maronite » et s’était dit persuadé que « cette nation (…) est une partie de la nation française ».

Cette charte avait été réaffirmée en 1649 par Louis XIV tandis que, en 1919, le président du Conseil Georges Clemenceau assurait au patriarche Elias Hoyek « que le gouvernement de la République demeurait invariablement attaché aux traditions de mutuel dévouement établies depuis des siècles entre la France et le Liban ».

N. S.

Source : www.la-croix.com le 2 avril 2013