S’exprimant jeudi 15 novembre à Londres (Royaume-Uni) devant la Chambre des Lords, le cardinal Angelo Scola, archevêque de Milan, s’est inquiété de l’évolution de l’islam dans l’Occident contemporain.
Le cardinal Scola, invité en tant que président de la fondation Oasis, dédiée au dialogue islamo-chrétien, voit dans « la présence musulmane l’un des défis les plus importants » pour l’Occident aujourd’hui.
Il s’inquiète de deux difficultés principales. Tout d’abord, « l’islam, bien que se réclamant avec clarté de la tradition biblique, s’en démarque sur plusieurs points, et ne peut donc pas être entendu comme une variante interne au christianisme ».
Pourtant, poursuit le cardinal milanais, « c’est ce que les musulmans eux-mêmes affirment quand ils déclarent que l’islam représente le retour à un monothéisme abrahamique antécédent au christianisme et au judaïsme historiques, ou bien une réforme de ces religions ». Il en conclut que « l’islam introduit dans la société occidentale une différence bien plus importante que celle existant entre les confessions chrétiennes, d’où est née historiquement la structure constitutionnelle de l’Europe moderne, ensuite étendue aux juifs et aux non-croyants ».
« UNE COEXISTENCE EXIGEANTE ENTRE LES FIDÈLES DES DIVERSES RELIGIONS »
Par ailleurs, aux yeux du cardinal Scola, « l’islam maintient fermement une « prétention » à la vérité universelle que la majeure partie des religions orientales n’exprime pas avec une telle force ». Il en conclut qu’une « telle conjugaison entre une tension universaliste analogue à la vision chrétienne, et une tout autre vision du monde, constitue aujourd’hui la singularité de la condition des croyants musulmans dans l’Occident contemporain ».
Pour aller de l’avant, il ne suffit pas, affirme le cardinal Scola de s’en tenir à des « slogans » tels que : « Nous croyons tous en un seul Dieu » ou encore « le problème, ce ne sont pas les religions, mais les politiciens qui instrumentalisent les religions ». Il prône une communication qui consisterait à « se raconter et se laisser raconter en vue d’une reconnaissance réciproque ».
Certes, « cela ne va pas de soi », reconnaît-il, constatant que, « dans nos sociétés toujours plus instables et en insécurité, divers groupes sont tentés par une fermeture identitaire » ; Cela ne le satisfait pas. Il voit un « espace de communication possible » dans le fait que « de nombreux immigrés souhaitent devenir citoyens de leur pays d’accueil ».
À partir de cette « nécessaire valorisation de la communication entre des sujets concrets », le cardinal Scola voit la possibilité d’une harmonisation avec un rôle positif des religions, « sensible chez les acteurs des droits de l’homme, notamment dans le monde anglophone ». Dans cette perspective, l’objectif n’est pas « l’élaboration d’une super-religion se substituant aux croyances historiques, mais une coexistence exigeante entre les fidèles des diverses religions ».
F. M., à Rome
Source : www.la-croix.com le 15 novembre 2012