Dans un contexte international instable et préoccupant, la nouvelle présidence de la Conférence des évêques de France s’est rendue en Terre Sainte du 16 au 20 août 2025. Ce premier déplacement marque le début du mandat comme président du Cardinal Aveline, avec pour mission de témoigner de la solidarité de l’Église de France envers les communautés chrétiennes locales. Ainsi, en venant à la rencontre des peuples, elle souhaite œuvrer en artisans de paix, dans cette région touchée par la guerre.
C’est le premier geste posé par la nouvelle présidence de la conférence des évêques de France, emmenée par le cardinal archevêque de Marseille, Jean-Marc Aveline. La délégation accomplit une visite de solidarité de cinq jours, qui a commencé à Taybeh (1), et s’est poursuivie à Bethléem et Jérusalem.
Voir l’article de Delphine Allaire sur le media en ligne Vatican News, https://www.vaticannews.va/fr/eglise/news/2025-08/terre-sainte-cardinal-aveline-pizzaballa-jerusalem-eglise-france.html
Les évêques français au siège du patriarcat latin de Jérusalem
En Terre Sainte, le cardinal Aveline lance un appel au retour des pèlerinages
“Nous ne sommes pas là pour parler, mais pour écouter et pour comprendre“.
Porteur d’un bref message du pape Léon, le cardinal Aveline a exprimé ainsi le sens qu’il donne à cette démarche de l’Eglise catholique de France, au cours d’une conférence de presse donnée le 19 août 2025 dans les locaux du patriarcat latin de Jérusalem, en présence du cardinal Pizzaballa, patriarche latin et de Mgr William Shomali, évêque auxiliaire, et aux côtés de ses deux vice-présidents, Mgr Bertrand et Mgr Jordy. Il a fait état “de la tristesse, de l’angoisse et de la désolation ressenties ces dernières heures”, et d’un entretien téléphonique qu’il a pu avoir avec le P. Romanelli, curé de la paroisse latine de l’enclave palestinienne, alors que le quartier de la paroisse subit des opérations d’évacuation.
Appeler à un nouveau type de pèlerinage
Le cardinal Aveline appelle à un retour progressif des pèlerins, en petits groupes, et il les exhorte à être d’abord soucieux des personnes qu’il rencontrent, chrétiens et habitants de la Terre sainte.
Le mystère de la Passion et le lien avec le judaïsme
Il a souligné le rapport spécifique qu’entretient toute l’Église avec l’Église-mère de Jérusalem. “La clé de lecture principale est politique, mais il y a une clé de lecture spirituelle et c’est la responsabilité des chrétiens que de l’appliquer. Cela concerne le mystère de l’Église et de la Passion”, comme le cite Delphine Allaire.
Il y a aussi à réfléchir sur le lien d’origine des chrétiens avec le judaïsme, au moment où “toute critique du gouvernement israélien est taxée d’antisémitisme” avec “les choix politiques actuels du gouvernement israélien“. Ce qui ne doit pas faire oublier la croissance en Europe d’un grave antisémitisme.
L’infaillible espérance surgie des décombres
C’est en évoquant l’espérance que conclut le cardinal Aveline, au-delà de la pauvreté, qu’il perçoit en ces lieux blessés et bénis. Cette espérance est “dans le cœur de ceux qui croient au Christ, l’espérance de la Résurrection”.
—
Photo Vatican News
(1) Ndlr. La situation de cette cité de Cisjordanie, majoritairement chrétienne, où “l’attaque des colons rend la vie insupportable”, est rappelée dans l’article suivant de l’Œuvre d’Orient :
https://www.chretiensdelamediterranee.com/loeuvre-dorient-agit-et-appelle-a-agir/
-o-
L’un des vice-présidents de la conférence épiscopale française, Mgr Jordy, archevêque de Tours, qui accompagnait le Cardinal Aveline, a lui-même été interviewé par La Nouvelle République sur la visite faite en Terre Sainte.
« Là-bas, les gens ont perdu espoir » : de retour de Jérusalem, l’archevêque de Tours appelle à s’engager pour la paix
Voici un résumé de l’article de Mariella ESVANT, publié dans ce journal le 22 août 2025.
Mgr Jordy fait d’abord état de l’impossibilité pour la délégation épiscopale française de se rendre à Gaza. Il rapporte seulement l’entretien téléphonique qu’elle a eue avec le P. Romanelli, curé de la paroisse latine de Gaza. “Il nous a demandé de témoigner : la situation est terrible, la faim est partout, le manque de soins... Selon lui, il n’y a même pas un signe d’espoir.”
Devant rencontrer le pape Léon XIV à son retour, il déclare : “Je pense que l’Église doit parler, il faut que les gens s’engagent, même politiquement, pour que les institutions s’en emparent”.
Mgr Jordy raconte encore le passage des check-points entre les territoires palestiniens et la partie israélienne de Jérusalem, ses rencontres avec des membres de la communauté chrétienne “et des personnes de toutes confessions” : “Il y a une tristesse partout”. Il évoque les difficultés de la population palestinienne pour se déplacer même lors d’urgences, les attaques de colons sur des communautés chrétiennes…
Il évoque pourtant une lueur d’espoir, perceptible à travers toute cette souffrance. Des Israéliens, “même dans l’armée“, font part de leur désaccord avec la politique menée par leur gouvernement. Mgr Jordy conclut sur son échange avec des membres du Forum des Familles, la plus importante association de proches d’otages en Israël. “Il y a de la souffrance, mais aussi des gens réfléchis, pondérés, remarque-t-il encore. Je suis reparti en me disant que tant qu’il y aura des hommes comme ça, peut-être qu’il y a quand même de l’espoir.”