Henri Tincq, l’ami des premiers jours de Chrétiens de la Méditerranée, est décédé

Il est des jours de notre vie qui s’enflamment sans la moindre prévision et qui, soudain, au cœur d’une matinée en quête de soleil, vous abattent d’un coup d’un seul, larmes sans plus tarder à l’appui !

Impossible, en effet, ce matin-là, tout récent, de résister à la musique infernale du téléphone. Je n’ai pas le choix, je décroche, quasiment craintif ! Nous sommes le lundi 30 mars aux premières heures du jour. Soudain, j’entends ta voix, cher Luc Balbont, notre journaliste de Chrétiens de la Méditerranée, ancien de La Croix, si apprécié de nous tous dans tes interventions sur le Liban, ton pays, et sur tout le Moyen Orient, ta région.

Sans t’attarder un instant de plus dans le moindre commentaire, la nouvelle tombe de ta bouche comme une bombe et emporte nos larmes à l’un et à l’autre : « Henri est mort, hier soir dimanche 29 mars. Il a été emporté par le Covid-19. »

Nous venions de perdre un ami très cher, Henri Tincq, connu de longue date par l’un et par l’autre dans notre vie professionnelle, l’un à La Croix, l’autre à La Vie. Il avait 74 ans. De santé fragile, il souffrait depuis longtemps de graves problèmes rénaux, il était en attente d’une seconde greffe.

Si tôt connue la mort d’Henri, les réactions se multiplient dans la presse et jusque dans le monde politique.

« L’information religieuse est en deuil, écrit Robert Solé dans Le Monde du mercredi 1er avril, Elle perd incontestablement l’une de ses plumes les plus respectées. Chroniqueur au Monde de 1985 à 2008, puis dans le média en ligne Slate.fr, ce journaliste engagé a publié d’innombrables articles et reportages, mais aussi une quinzaine d’ouvrages de référence, consacrés pour la plupart au catholicisme. Dès son enfance, en effet, le petit Henri sert la messe dominicale, suit le catéchisme du jeudi au presbytère dans son village du Pas-de-Calais. Cette Eglise dans laquelle il apprend la vie, l’amitié, l’amour du prochain, une certaine idée de l’homme et de sa dignité est alors pour lui le centre du monde. « L’Eglise était ma famille dira-t-il avec le recul ». Il ne l’oubliera jamais. »

A son tour, Bernadette Sauvaget, dans Libération, rappelle qu’Henri Tincq s’était passionnément intéressé à Jean-Marie Lustiger, l’ancien archevêque de Paris, dont il a écrit une biographie : « Lustiger, le cardinal prophète ».

Dans le communiqué du Palais de l’Elysée, le Président de la République, quant à lui, « salue l’œuvre d’information et d’investigation d’une grande plume de la presse française qui a éclairé les lanternes du débat public sur la Curie romaine et la vie spirituelle de notre siècle à la lumière de son érudition et par la ferveur de sa foi. »

En terminant ce rapide tour d’horizon émouvant et porteur de la foi et de la ferveur de notre ami, j’ai le devoir de vous dire à tous, chers amis de Chrétiens de la Méditerranée, que depuis les origines mêmes de notre association, Henri Tincq a porté intérêt à nos initiatives et appui à notre fonctionnement. Dès la naissance de CDM, il m’avait assuré de son vif intérêt et de son appui à « un Réseau au service du vivre ensemble dans un monde en quête de dialogue, de justice et de paix. » Quelques jours encore avant sa mort, dans notre dernière conversation téléphonique, il me redisait l’importance et l’utilité, à ses yeux, de la tâche que nous nous sommes fixée. A chacune et chacun de vous, je livre son message.

Jean-Claude Petit

Président d’honneur de CDM

Photo: Henri Tincq, lors de son intervention à l’Université d’Hiver de Chrétiens de la Méditerranée, Annecy,  2014