En Allemagne, la théologie islamique fait ses premiers pas à l’université

« Est-il juste, lorsqu’une majorité des élèves fréquentant une école catholique est de confession musulmane, de ne pas offrir le choix de suivre un cours de cette confession, même si le cadre légal l’exclut actuellement ? Comment construire un vrai dialogue inter-convictionnel dans les écoles, sachant que la relégation du religieux dans la sphère privée n’offre aucune solution à l’égard des risques de dérive fondamentaliste ? Plutôt un vrai cours de religion, donné par quelqu’un de formé, que des discours simplistes tenus dans des arrière-salles de café. »

Clôturant le congrès national de l’enseignement catholique belge, dimanche 21 octobre 2012, son secrétaire général, Étienne Michel, a longuement évoqué le projet de celui-ci (entre « reconfessionnalisation » et « réduction de la référence chrétienne aux valeurs »), mais aussi les attentes des parents qui font ce choix pour leurs enfants, ainsi que celles des enseignants. En conclusion, il a également évoqué le contexte dans lequel il remplit sa mission, celle d’une « société multiculturelle ». «L’enseignement catholique se définit par son projet et pas par son public. Contrairement à ce que certains semblent penser, il est ouvert à tous et à tous les publics. Le nombre d’élèves de religion musulmane, parfois majoritaires dans certaines écoles, témoigne de cette option », a-t-il rappelé, avant de souligner que « quelques questions devront sans doute aussi être reprises et mises en débat », comme celle de la possible introduction de cours de religion musulmane.

 

Une idée « un peu curieuse »

 

« C’est une idée un peu curieuse », a réagi Mgr André Léonard, archevêque de Malines-Bruxelles sur RTL, tout en reconnaissant qu’on « peut l’imaginer » compte tenu de la présence d’élèves musulmans dans les écoles catholiques. « Les cours de religion catholiques tiennent déjà compte de cette présence », a relevé Mgr Léonard, qui souligne le risque d’une certaine « ambiguïté ». « Ce qui est certain, ajoute le président de la Conférence des évêques de Belgique, c’est que dans les écoles coraniques dans les pays musulmans, ils ne vont jamais envisager d’organiser des cours de religion catholique pour les chrétiens. » Le cadre légal exclut une telle possibilité au sein de l’enseignement catholique depuis plus d’une dizaine d’années. En revanche, les écoles publiques proposent, elles, à la fois des cours de « morale » dans chaque religion, ainsi que des cours de « morale non confessionnelle ».

 

En Allemagne, une école des « trois religions »

 

De son côté, le diocèse d’Osnabrück (land de Basse-Saxe), en Allemagne, annonce sur son site Internet l’ouverture d’une école unique en son genre : baptisée « École primaire Trois religions », elle accueille en cette rentrée 22 élèves (35 sont inscrits pour l’année prochaine) sur le site de l’ancienne école Saint-Jean.

« Chaque lundi, durant une heure et demie, les enfants sont séparés. Les huit petits musulmans se rendent au cours de religion islamique, les deux élèves juifs au cours de judaïsme. Pour les autres, un enseignement de religion chrétienne est dispensé par une enseignante catholique », rapporte l’AFP qui s’y est rendue. « L’objectif n’est pas de niveler les différences religieuses », assure Winfried Verburg, le responsable du service éducation du diocèse, à l’origine du projet. « Nous voulons que les enfants apprennent à vivre ensemble et à cohabiter en paix malgré leurs différences religieuses ». L’idée a vu le jour il y a trois ans alors que la survie de l’école catholique était menacée en raison du trop faible nombre d’enfants catholiques inscrits. Le diocèse a alors décidé de monter un nouveau projet, rapporte l’AFP.

En Allemagne également, des cours de religion sont offerts à tous les élèves de l’enseignement public, du primaire au bac en passant par l’enseignement professionnel, chacun dans leur confession et assurés par un enseignant de leur confession. Seuls ceux qui en font la demande reçoivent un cours « d’éthique » non confessionnel, centré plutôt sur la culture religieuse.

 

Anne-Bénédicte Hoffner (avec AFP)

 

 

Source : www.la-croix.com le 23 octobre 2012