Chronique de Dominique Pennegues en mission EAPPI à Jérusalem.”Depuis la construction du mur de séparation, seuls les Palestiniens avec une carte de résident Israélien, ou détenant un permis spécial peuvent se rendre à Jerusalem.
Chaque jour, des milliers de Palestiniens doivent attendre depuis l’aube pour passer depuis les Territoires Occupés à Jérusalem, en passant par Qalandiya Checkpoin
Lors des jours difficiles, ils doivent attendre plusieurs heures durant le bon vouloir des autorités israéliennes pour ouvrir les portes. Il y a trois portes, mais parfois seules une ou deux sont ouvertes, les autres restent fermées sans raison.
Les gens attendent dans le froid et l’humidité, surveillés par une caméra chargée d’observer leur comportement et de les identifier.En tête de file, les gens sont parqués comme des animaux, emprisonnés, dans une sorte de longue cage étroite, à barreaux, et fermée sur le dessus par un quadrillage de fil de fer épais et solide.
De temps à autres, le tourniquet s’ouvre pour laisser passer quelques personnes, puis se referme à nouveau. Après avoir passé ce tourniquet, les Palestiniens se trouvent à nouveau retenus dans un second espace où l’attente continue selon la volonté des militaires. Les soldats hurlent des ordres dans des hautparleurs que personne n’est en mesure de comprendre la plus part du temps.
C’est ainsi que chaque jour, des milliers de Palestiniens adultes, enfants, vieillards, malades et femmes enceintes doivent payer le prix de ce que les Israeliens appellent « le mur de sécurité ». Pourtant, je ne connais pas un jour, où je n’ai été reçue à mon arrivée par des sourires chaleureux, des « how are you » ou « merci de nous aider, merci d’être ici avec nous ».
Ces sourires, ces regards, ces paroles font disparaître la fatigue du levé à 4h, de l’attente de 3h dans le froid et les courants d’air, et la tristesse de voir certains Palestiniens repartir sans avoir été autorisés à passer, « parce qu’il manque quelque chose, que le rendez-vous à l’hôpital n’a pas indiqué l’heure, que la date du permis a été dépassée d’un jour » ou simplement pour certains, sans explication claire et négociable.
Les regards, toujours se souvenir des regards, lorsque le découragement nous prend. Ils nous parlent courage, force et espoir. Dominique Pennegues