Deux disparitions, Desmond Tutu et Jean-Marie Muller.

Chacun dans leur cadre de responsabilité, Desmond Tutu et Jean-Marie Muller, ces deux acteurs de paix, ont marqué leur temps et sont décédés ce mois de décembre 2021 à quelques jours d’intervalle.

Desmond Tutu

L’engagement sans faille de Desmond Tutu, évêque de l’Eglise anglicane,  pour faire sortir son pays, l’Afrique du Sud, de la logique mortelle de l’apartheid, a fait de lui une figure mondialement connue et un guide pour l’action non-violente. Les Amis de Sabeel France nous invitent à partager le message de Naïm Ateek, au nom de Sabeel International, sur Desmond Tutu.

Photo Wikimedia commons

“Le jour, 26 décembre, où l’Église chrétienne toute entière célèbre le grand témoin qu’a été Étienne, le premier martyr, nous rendons grâce à Dieu pour cet autre témoin qu’a été Desmond Tutu. Alors même que nous pleurons son départ, nous célébrons la vie qui a été la sienne. Maintenant qu’il est avec le Seigneur, il continue à nous parler et nous entendons encore sa voix et son témoignage en faveur de la justice et de la libération. L’évêque Desmond Tutu a mis toute sa vie au service de la lutte contre l’apartheid et pour la libération du peuple sud-africain. Et il s’est engagé tout autant pour que le peuple palestinien soit libéré de l’oppression et de l’apartheid que lui impose le gouvernement israélien, en Israël et en Palestine. Pendant de nombreuses années, l’évêque Desmond Tutu était le président international de Sabeel, et a fidèlement pris la défense de la justice, de la vérité, de l’inclusion, de l’égalité et de la libération de tout notre peuple palestinien. Nous rendons grâce à Dieu pour la vie et le témoignage qui ont été les siens, et exprimons notre profonde sympathie à sa famille et à tous nos frères et sœurs en Afrique du Sud, et plus particulièrement à l’Église d’Afrique du Sud.”

Le Rév. Dr Naïm Ateek, le Conseil de Sabeel, l’Assemblée Générale et toute l’équipe de Sabeel.

[Sabeel est un centre œcuménique pour la théologie de la libération en Israël-Palestine]

Jean-Marie Muller

Jean-Marie Muller, né le 21 octobre 1939 à Vesoul ( France) et mort à Orléans le 18 décembre 2021 à l’âge de 82 ans, est un philosophe français, spécialiste de Gandhi et de la non-violence. Il est directeur des études à l’ Institut de recherche sur la résolution non-violente des conflits (Wikipedia).

On trouvera dans le quotidien La Croix du 24 décembre 2021 un aperçu de sa vie à la fois de militant et de théoricien de la Non-violence, dans une note biographique d’Emmanuelle Lucas. Elle souligne l’enracinement chrétien de l’engagement de Jean-Marie Muller tout en marquant combien il a regretté que son combat pour la Non-violence et contre la dissuasion nucléaire ait été si peu compris et relayé par l’Église de France.

Pax Christi lui rend ainsi hommage :

“Jean-Marie était plus qu’un compagnon de route pour nous, membres de la Commission Non-violence de Pax Christi : nous perdons un ami de longue date sur lequel nous pouvions compter mais aussi avec lequel il fallait compter, car son exigence nous a souvent devancés dans notre engagement pour la Non-violence. Sa réflexion rigoureuse de philosophe, son expérience de militant de terrain, nous ont rappelé sans relâche qu’aucun compromis n’est possible avec la violence et en particulier avec la violence nucléaire.

Photo Pax Christi

Son enracinement dans le message du Christ est resté, à nos yeux, celui d’un authentique chrétien, même si le refus de notre Église nationale de condamner la dissuasion française l’a amené à s’éloigner d’elle et à s’en scandaliser publiquement au nom de l’Évangile. Il nous a stimulés vigoureusement pour faire évoluer Pax Christi France jusqu’à ce que le Mouvement ait, grâce à lui, une position plus claire et nette de condamnation et de refus de cette stratégie funeste et fallacieuse, rejoignant sur ce point crucial la position du Saint-Siège.

Il n’a pas non plus réussi à entraîner avec nous l’Église de France dans le refus catégorique de toute violence, et c’est sans doute l’un des grands regrets qu’il emporte avec lui. Mais la route que nous avons faite ensemble ne s’arrête pas là, car sa disparition renforce notre responsabilité de continuer son combat aux côtés de tant de militants, en France et dans le monde, qui œuvrent pour qu’advienne un monde où tous les conflits, inhérents à la vie collective, se régleront selon l’ éthique et l’action non-violente, faite de respect absolu de la dignité de toute femme et tout homme.”

La commission Non-violence de Pax Christi

 

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