Deux chrétiens, cinq femmes dans le nouveau gouvernement palestinien

Le 22 mai 2012 sur le site du Patriarcat Latin de Jerusalem.RAMALLAH – Un nouveau gouvernement palestinien dirigé par le Premier ministre Salam Fayyad a été investi mercredi 16 mai. Sur un effectif de 25 membres, 11 sont nouveaux. On compte deux ministres chrétiens et cinq femmes.

 

L’équipe ministérielle n’est pas le gouvernement de réconciliation que le Hamas et le Fatah s’étaient engagés à former il y a un an au Caire. Ce remaniement confirme que la réconciliation entre le Fatah (qui gouverne les zones autonomes de Cisjordanie) et le Hamas qui gouverne la bande de Gaza, piétine. L’accord de réconciliation Fatah-Hamas, ratifié le 3 mai 2011 par l’ensemble des mouvements palestiniens, prévoyait la formation d’un exécutif transitoire chargé d’organiser des élections générales. Ceci dit, la plupart des clauses sont restées lettre morte et les échéances sans cesse retardées. Afin de dépasser leurs différends sur le choix du premier ministre de ce gouvernement transitoire, M. Abbas et le chef du Hamas, Khaled Mechaal, ont décidé le 6 février 2012 à Doha au Qatar que le président palestinien assumerait cette fonction. Toutefois, cette décision, contestée au sein du Hamas, est aussi restée inappliquée. Mahmoud Abbas a pris acte de cet enlisement et a finalement reconduit Salam Fayyad à la tête d’un nouveau gouvernement. Mais le président de l’Autorité palestinienne précise « si nous avions un accord avec le Hamas aujourd’hui ou demain, ce (nouveau) gouvernement n’aurait pas de raison d’être ». Il justifie par là qu’il ne pouvait pas « attendre indéfiniment » une avancée possible sans pouvoir gérer la vie quotidienne de la population.

 

Le nouveau gouvernement est composé de 25 membres, parmi lesquels on compte 11 nouveaux ministres, dont cinq femmes et deux chrétiens. L’équipe a prêté serment mercredi 16 mai devant le président Mahmoud Abbas. La priorité est d’organiser les élections municipales. Elles se limiteront probablement à la Cisjordanie. Salam Fayyad, à nouveau Premier ministre, est un économiste largement respecté en Occident ; il cède le portefeuille des Finances au chrétien Nabil Qassis, l’ancien président de l’université de Birzeit en Cisjordanie. Le ministère du Tourisme et des Antiquités échoit à une autre chrétienne, Rola Ma’aia Bandak. Le Premier Ministre a considéré que les 4 ministères « de tête » étaient ceux qui couvraient les Finances, la Justice, le Tourisme et l’Education (divisé en deux avec une direction consacrée à l’Enseignement supérieur). C’est ce dernier ministère qui avait reconnu le Séminaire de Beit Jala comme donnant un degré universitaire identique aux autres universités palestiniennes. Pour Mgr Shomali, vicaire patriarcal pour Jérusalem « le fait que Salam Fayad soit reconduit à la tête du gouvernement est un signe de stabilité et d’espérance.» L’évêque de préciser que « le chef du gouvernement a montré notamment beaucoup de transparence dans les finances et l’économie ». Un constat largement partagé par les bailleurs de fonds qui reconnaissent ses efforts de modernisation de l’économie et de construction des institutions d’un futur Etat de Palestine. Mgr Shomali avoue toutefois que « la mission de ce Gouvernement n’est pas facile, surtout dans un contexte économique très précaire ».

 

Nouveau gouvernement, aussi en Israël

 

Pas moins de 9 jours avant le mercato ministériel palestinien, le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou s’est offert une écrasante majorité à la Knesset. Personne ne s’y attendait. Mardi 8 mai, dans la nuit, alors que les députés israéliens s’apprêtaient à voter la dissolution de la Knesset, afin de convoquer des législatives anticipées le 4 septembre prochain, le Premier ministre, Benjamin Netanyahou et le leader de l’opposition centriste Shaul Mofaz ont annoncé un accord pour composer un gouvernement allant du centre à l’extrême droite. Le pays s’est réveillé avec une coalition de 94 députés sur 120. L’accord prévoit entre autre la relance du processus de paix avec les Palestiniens au point mort depuis septembre 2010 malgré quelques tentatives de relance. Mais pour les observateurs, c’est principalement la question iranienne et les troubles régionaux qui pourraient revenir au premier plan.

 

Christophe Lafontaine