Réforme a interviewé Manuel Musallam, prêtre du Patriarcat latin de Jérusalem, ancien curé de Gaza.
“Pour nous, Palestiniens, le crime commis contre les gens de la flottille est aussi un crime contre le peuple palestinien dans son ensemble, et contre l’humanité. Nous avions besoin du matériel apporté par ce bateau : ciment, tentes, nourriture… Nous avons beaucoup de pauvres et de mendiants. En même temps, nous recevons des signes de solidarité, de charité et d’espoir, des messages de tendresse et d’humanité envers le peuple palestinien. Les gens de bonne volonté, avec des gestes de foi et d’espérance, sont toujours là. Jésus a dit qu’il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis. C’est pourquoi nous voulons remercier du fond du cœur les familles des hommes qui ont offert leur vie pour nous. Nous prions pour ces familles. Nous voyons en elle un signe de joie, malgré la haine dans le cœur des Israéliens.
À Gaza, le blocus est très strict. Il y a un manque cruel de travail et trop peu de commerces. Les gens qui ne peuvent pas être employés dans les écoles, l’armée et les ministères sont réduits à la mendicité. Certes Israël a mis beaucoup de nourriture dans les magasins, mais encore faut-il pouvoir l’acheter ! Les maisons ont été détruites, brûlées, nous avions besoin du ciment pour les reconstruire. Beaucoup d’enfants ont passé deux hivers sans couverture, ils ont besoin de chocolat. La question est humanitaire : les gens n’ont l’électricité que quelques heures par jour. Ils n’ont ni eau, ni gaz dans les cuisines. Nous vivons l’humiliation de notre peuple qui se voit réduit à la mendicité, brisé, cassé, et qui crie « Justice ! Justice ! » et « Protection ! ». Lire l’interview de Marie Lefebvre-Billiez et l’article ” un processus toujours plus enlisé” et consulter le site de l’ebdomadaire Réforme.