“Ses lettres, écrites la nuit de sa paroisse de Gaza durant le siège israélien de l’hiver 2008/2009, ont fait le tour du monde. Adressées aux croyants et aux hommes de bonne volonté de l’univers entier, elles décrivaient ce que vivait là-bas une population terrorisée, en appelaient à la solidarité matérielle et spirituelle de tous et lançaient un cri d’espérance, envers et contre tout.
Il est vrai que leur auteur est une personnalité d’exception connue de nombre d’ambassadeurs, de responsables d’ONG, de journalistes, de leaders religieux de passage à Gaza. Palestinien né à Bir Zeit près de Ramallah il y a 72 ans, devenu prêtre du Patriarcat latin de Jérusalem le 29 juin 1963, le père (on dit « Abouna » en arabe) Manuel Musallam a exercé son ministère successivement à Anjara, Jénine, Zababdeh avant d’être nommé à Gaza au printemps 1995 par Mgr Michel Sabbah à l’époque Patriarche de Jérusalem. Il y restera jusqu’en avril 2009.
A Gaza, Abouna Manuel a tout connu : les premiers mois de la paix d’Oslo, les Intifada successives, l’arrivée de Hamas, les blocus israéliens, la guerre inter palestinienne, le siège de 2009. Tout. Mais rien n’a fait plier ce résistant non violent qui se vit comme un exilé permanent depuis sa naissance.
Rien non plus n’a jamais arrêté ce directeur d’école, pédagogue et éducateur dans l’âme, pour qui le savoir est la richesse principale de son peuple et la clé de son avenir. Et rien n’a découragé ce croyant volant au secours de tous, partageant les fêtes et les deuils des musulmans, œuvrant à la réconciliation de Hamas et du Fatah.” C’est cette vie de courage et de générosité mais aussi d’impatience et de colère qu’Abouna Manuel raconte dans ses entretiens avec Jean-Claude Petit, qui font l’objet du livre « Curé à Gaza », publié aux Editions de l’Aube.
“Si on connaît l’attachement de Jean-Claude Petit, l’ancien directeur de La Vie, pour les Deux-Sèvres, on sait aussi qu’il aime rapporter dans ses ouvrages des témoignages forts d’hommes religieux confrontés aux réalités des territoires où ils vivent. Son dernier livre atteste de ce besoin de mettre en lumière des hommes de foi du bout du monde. Dans « Curé à Gaza », Jean-Claude Petit relate l’entretien qu’il a eu avec Manuel Musallam, « curé d’une toute petite communauté catholique de deux cents âmes perdue au milieu d’un million cinq cent mille musulmans, autrement dit, pour ceux qui veulent bien se tenir informés, curé quasiment en enfer », écrit l’auteur dans ses premières lignes. « Curé à Gaza », de Jean-Claude Petit. Éditions de L’aube. “Article publié dans La Nouvelle République du Centre Ouest