« Les Chrétiens d’Orient n’appartiennent à aucun parti », par Mgr Pascal Gollnisch – La Croix

« Les Chrétiens d’Orient n’appartiennent à aucun parti », par Mgr Pascal Gollnisch

Mgr Pascal Gollnisch

Directeur général de l’Œuvre d’Orient

Mgr Pascal Gollnisch était hier l’invité de l’émission « Face aux chrétiens », animée par Dominique Gerbaud et coproduite par KTO.

Il répondait aux questions de Damien Leboulanger (RCF), Alain Baron (Radio Notre-Dame) et Anne-Bénédicte Hoffner (La Croix).

Les chrétiens d’Orient qui ont fui les violences retourneront-ils dans leur pays ?

Mgr Pascal Gollnisch : Je n’ai pas de conseils à leur donner. Ceux que l’on interroge ici sont ceux qui ont fui, et sur une communauté de 400 000 fidèles, 100 000 qui quittent le pays, c’est dramatique. Mais un nombre bien supérieur est resté : n’oublions pas que de 8 à 10 millions d’Égyptiens sont chrétiens. Et puis la migration ne va pas régler le problème, qui est celui des libertés fondamentales, du droit à la citoyenneté, et qui ne concerne pas uniquement les chrétiens mais toutes les minorités et les citoyens en général. C’est ce problème qu’il nous faut résoudre.

Quel avenir pour les chrétiens en Syrie ? N’ont-ils pas manqué de sens politique ?

Mgr P. G. : La situation est dramatique après six ans d’une guerre civile horrible qui a sans doute fait 400 000 morts. Au début de ce conflit, les diplomates occidentaux avaient deux idées : Bachar Al Assad allait partir dans quinze jours et les rebelles constituaient l’avenir du pays. Ces deux événements ne se sont pas réalisés. Il faudrait le reconnaître. Et puisque nous ne parvenons pas à faire bouger les choses, retrouvons des forces de médiation que ni les Américains ni les Russes ne suscitent.

Quelles seraient les conditions pour que les chrétiens puissent vivre dans leur pays ?

Mgr P. G. : L’avenir des chrétiens n’est pas une espèce en soi en dehors de la question des peuples eux-mêmes. Si on regarde l’Égypte, ce sont les Égyptiens musulmans qui ont mis dehors les islamistes et le président Morsi. En Tunisie, ce sont les Tunisiens musulmans qui ont mis dehors les islamistes. La population musulmane, pour une part importante, ne veut pas d’un projet islamiste, fondamentaliste, djihadiste. Il y a des musulmans qui veulent que leur pays avance vers plus de modernité et de citoyenneté pour tous et qui veulent des chrétiens à leurs côtés. Il n’y a pas d’avenir pour les chrétiens d’Orient en dehors de ce dialogue.

Que pouvons-nous faire d’ici ?

Mgr P. G. : Nous pouvons déjà essayer de mieux connaître, de recouper les informations sur ce qui se passe là-bas. Puisque nous sommes en période de campagne électorale, demandons aussi à nos candidats ce qu’ils feraient pour les chrétiens d’Orient. Beaucoup d’élus sont préoccupés, marquent leur sympathie en allant en Irak ou en réservant une part de leur budget pour eux. (…)

Les chrétiens d’Orient ne doivent pas être un argument de campagne, ou faire l’objet d’une polémique partisane comme si certains étaient des « amis des chrétiens d’Orient » et d’autres non. Mais la question de la paix en Syrie est une question politique. Je dois donc parler de politique aux politiques et en même temps, parce que je suis prêtre, sans faire de politique. Ce n’est pas toujours facile mais c’est une ligne de conduite pour moi.