Campagne Stop Colonies pour le boycott des produits des colonies israéliennes illégales en Palestine occupée.

La plateforme des ONG françaises pour la Palestine, à laquelle participe CDM, propose de partager une tribune signée par la prix Nobel de littérature 2022, Annie Ernaux, ainsi que 38 personnalités, publiée dans le quotidien l’Humanité du 27 janvier 2023, pour faire interdire le commerce des produits des colonies.

https://www.humanite.fr/en-debat/colonies-israeliennes/contre-la-colonisation-l-initiative-citoyenne-europeenne-stopcolonies-780132

“Demandez à l’Union européenne de mettre fin au commerce avec les colonies en signant l’Initiative citoyenne européenne https://stopcolonies.fr

Annie Ernaux, prix Nobel de littérature, s’est déjà engagée aux côtés de 38 créateurs et créatrices, artistes et personnalités du monde de la culture, dans une tribune publiée le 27 janvier 2023. Les signataires affirment : “L’acquisition de territoires par la force, les déplacements de population et la colonisation sont à l’exact opposé de [nos] valeurs (…) En tant que citoyens, nous pouvons et devons agir !”

Une initiative citoyenne européenne est une pétition reconnue par la Commission européenne. C’est l’occasion d’envoyer un signal clair et d’obtenir un résultat concret.

Il reste deux semaines pour recueillir un million de signatures, avant le 19 février 2023.

Signez maintenant sur https://stopcolonies.fr et partagez autour de vous. Lire l’intégralité du texte de la tribune sur https://www.humanite.fr/en-debat/colonies-israeliennes/contre-la-colonisation-l-initiative-citoyenne-europeenne-stopcolonies-780132″

Cet appel est d’autant plus urgent qu’une spirale de violence s’est instaurée en Israël Palestine avec des attentats meurtriers. Une montée de haine entre Juifs israéliens et Arabes est sensible. Le gouvernement Netanyahu a déclaré vouloir y répondre par une répression plus forte, alors même que la violence palestinienne lui échappe dans sa source, car elle est le fait de personnes n’appartenant à aucune orgnisation (1). Elle est l’aboutissement d’une situation désespérée dont les Palestiniens ne voient pas la fin, surtout depuis l’arrivée au  pouvoir d’un gouvernement où domine la droite la plus extrême.

Malgré une impressionnante marche de militants israéliens contre la réforme constitutionnelle visant à soumettre davantage la Cour suprême israélienne à la coalition au pouvoir (2), il semble qu’aucune voie de négociation n’apparaisse au sein de la société israélienne. Seules semblent pouvoir jouer des pressions internationales, en particulier de la part du principal soutien d’Israël, les Etats-Unis, mais aussi de l’Union Européenne, à laquelle s’adresse cette pétition.

L’expansion des colonies en territoire palestinien occupé est l’une des priorités du nouveau gouvenement (3). L’Initiative citoyenne européenne touche donc un point sensible de la politique actuelle d’Israël.

Mais la récente visite du Secrétaire d’Etat américain Anthony Blinken n’annonce pas une forte implication des Etats-Unis dans une recherche de solution, incluant des pressions significatives sur le gouvernement israélien. L’Ukraine et l’Iran sont clairement des priorités plus urgentes (4). Alors, va-t-on vers une troisième intifada? (5). La question de la paix qui sera au centre de notre Université d’hiver à Lyon du 17 au 19 mars 2023 apparaît plus difficile que jamais.

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Les sources citées montrent aussi que le souci américain n’est pas tant d’ouvrir des perspectives politiques au désespoir palestinien que de contenir la colère de la rue palestinienne (6). A Ramallah, Anthony Blinken a essentiellement invité l’Autorité palestinienne à rétablir la collaboration de sa police avec les forces israéliennes dans les territoires occupés, qui avait été interrompue avec éclat à la suite des raids israéliens sanglants de ce mois de janvier en Cisjordanie occupée, en particulier à Jénine. Empêtrée dans la succession d’un leader très âgé qui ne veut pas céder sa place, elle a peu de moyens de résister à ces pressions, d’autant plus que son discrédit est grand dans la population palestinienne.

La complexité de la conjoncture régionale ne va pas non plus dans le sens des intérêts palestiniens. Anthony Blinken s’est montré beaucoup plus soucieux de préserver le processus de normalisation avec Israël qu’ont entrepris les grands alliés des Etats-Unis au Moyen-Orient, dont l’Arabie Saoudite. Il s’agit de faire converger leurs craintes face à l’Iran avec celles qu’Israël entretient, en particulier face à la perspective de son accès à l’arme nucléaire. Israël et l’Iran se mènent une guerre discrète sur le fond du problème palestinien, l’Iran armant régulièrement le Hamas au pouvoir à Gaza de munitions à longue portée, et lsraël frappant aussi régulièrement les forces iraniennes présentes en Syrie, en prenant toutefois soin de ne pas frapper les forces du régime de Damas dont la Russie est le tuteur. Cela, pour ne pas indisposer ce pays avec lequel Israël tient, envers et contre tout, y compris la guerre en Ukraine, à garder des relations amicales. Un degré a été franchi récemment dans cette guerre de l’ombre, quand un drone a frappé une usine d’armement au cœur de l’Iran, à Ispahan (7), frappe non revendiquée mais dont l’origine israélienne ne fait aucun doute. Le consentement tacite des Etats-Unis est aussi vraisemblable. Dans ce jeu de puissances régionales où sont les vies et l’avenir des citoyens palestiniens, en particulier ceux de Gaza ?

Mais c’est surtout l’Egypte qui compte dans la politique américaine au Moyen-Orient. D’ailleurs c’est dans ce pays que s’est rendu le Secrétaire d’État après son séjour en Israël Palestine. Elle a, dans le passé récent, avec le Qatar, servi d’intermédiaire pour rétablir une paix précaire à Gaza. Il y a des chances qu’elle ait été sollicitée pour empêcher que des frappes ne reprennent de Gaza vers Israël.

De quelles influences pourrait venir une évolution vers une reconnaissance des droits des Palestiniens ? Ce n’est clairement pas de l’administration américaine, comme on vient de le voir. L’Union européenne n’a jamais eu une influence significative sur la situation des Palestiniens, étant donné la force en son sein des lobbys pro-israéliens, qui verraient bien Israël s’associer à l’Union européenne. Au-delà de la violence, c’est par l’atteinte à son image qu’Israël peut être incité à évoluer. Aux Etats-Unis l’influente minorité juive a déjà décroché de l’alignement avec la politique de plus en plus à droite et parfois ouvertement raciste de l’actuel gouvernement d’Israël. Curieuse situation des Etats-Unis, où les deux diasporas, juive et palestinienne, peuvent coexister et peut-être trouver des moyens de dialoguer. Vis-à-vis de l’Europe, la question est aussi celle de l’opinion publique, qui devrait davantage être sensibilisée à la question des droits des Palestiniens. Les courageuses organisations israéliennes comme B’Tselem qui agissent dans ce sens ont des relais, comme en France l’Union des Juifs de France pour la Paix (UJFP). Cela, en récusant catégoriquement les accusations d’antisémitisme que la droite israélienne et ses hérauts adressent régulièrement aux organismes européens qui dénoncent sa politique. Lui manque encore le terme qui permettrait de taxer d’antisémitisme les citoyens juifs d’Israël qui s’opposent à ses menées. L’initiative européenne pour interdire les relations commerciales avec les colonies concourt à rappeler ces arguments de droit. C’est pourquoi la plate-forme des ONG française pour la Palestine, et l’association Chrétiens de la Méditerranée qui en fait partie, invitent à apporter un soutien à cette initiative.

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Sur le quotidien des Palestiniens soumis à l’occupation, voir ici les rapports de Marilyn Pacouret sur sa mission d’accompagnement œcuménique EAPPI en Israël Palestine, à partir de sa dernière lettre envoyée en décembre 2022 :

“Ce que mes yeux ont vu…” Fin du rapport de mission EAPPI en Israël Palestine de Marilyn Pacouret.

On peut écouter un entretien qu’elle a donné à ce propos sur la radio Fréquence protestante : 25 janvier 2023, émission Courrier de mission – DEFAP, Des observateurs aux frontières entre Israël et territoires occupés

CDM

(1) Quotidien La Croix, 28 janvier 2023, article de Julie Connan. “Israël : la crainte d’une escalade après l’attaque près d’une synagogue à Jérusalem-Est“. The Guardian, 29 janvier 2023, article de Bethan McKernan. “Israel to take punitive steps against Palestinians after deadly attacks

(2) The Guardian, 22 janvier 2023, article de Bethan McKernan.Huge protest in Israel over rightwing government’s judicial changes

(3) Quotidien La Croix, 29 décembre 2022, article de Julie Connan. “Israël : la colonisation, priorité numéro un du nouveau gouvernement Netanyahou

(4) The Guardian, 31 janvier 2023, article de Oliver Holmes. “Antony Blinken ends Middle East tour with no breakthrough

(5) The Guardian, 31 janvier 2023, Editorial. “The Guardian view on violence in Israel-Palestine: the risk of a third intifada

(6) Quotidien La Croix, 30 janvier 2023, article de Nicolas Rouger. “Entre Israéliens et Palestiniens, l’espoir perdu des négociations“.

(7) The Guardian, 31 janvier 2023, article de Martin Chulov. “Drones target Iranian weapons factory in central city of Isfahan“.

 

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