A la suite de l’attentat-suicide qui a fait, le 22 juin 2025, au moins 25 morts dans une église orthodoxe de Damas, notre partenaire l’Œuvre d’Orient a publié le communiqué suivant.
Paris, le 23 juin 2025
L’Œuvre d’Orient est horrifiée et condamne l’attentat perpétré dans l’église grecque orthodoxe Saint-Elie, à Damas, au cours de la messe du dimanche 22 juin. Cette attaque, dans un lieu de foi et de paix, a fait selon un bilan encore provisoire 25 morts et 63 blessés. L’Œuvre d’Orient présente ses condoléances aux familles des victimes et à toute la communauté chrétienne de Syrie.
Assurer la sécurité de toutes les communautés religieuses est un élément indispensable pour la reconstruction du pays. Les autorités syriennes et internationales doivent prendre immédiatement les mesures nécessaires. Une enquête doit être diligentée.
“Cet attentat est dramatique, il nous rappelle l’attentat de la cathédrale Sayedat al-Najat de Bagdad, il y a 15 ans. C’est un événement effroyable qui fragilise complètement la communauté chrétienne en Syrie, et plus largement au Moyen-Orient. Cela risque de se traduire par un exode des chrétiens. Nous déplorons l’absence de mesures de sécurité autour des lieux de culte, en particulier des églises, que nous savons sous menace constante. Nous ne voulons pas simplement des paroles de la part des autorités syriennes, il convient absolument de mettre en œuvre des mesures de sécurité auxquelles la communauté chrétienne a le droit.” Mgr Pascal Gollnisch, directeur général de L’Œuvre d’Orient.
“Pour les chrétiens, il y aura un avant et un après cet attentat”
Vincent Gelot, responsable de projets pour l’Œuvre d’Orient au Liban et en Syrie, a donné un entretien au quotidien La Croix, recueilli par Sophie Le Pivain, ainsi intitulé et publié dans l’édition du 23 juin 2025.
Il souligne d’abord que l’acte est d’autant plus odieux qu’il vise des chrétiens d’un quartier pauvre de Damas. Jamais en Syrie un attentat n’avait été commis dans une église. Ce forfait rappelle seulement les attaques contre des chrétiens qui ont été menées ailleurs au Moyen-Orient par le groupe État Islamique (Daesh), à Bagdad en particulier.
Vincent Gelot y voit le signe du “vide sécuritaire qui existe en Syrie” et l’impossibilité où se trouvent les autorités syriennes transitoires de contrôler l’ensemble du territoire avec des forces limitées. Les Alaouites, les Druzes, d’autres minorités ont aussi été victimes de violences récentes. Et parfois, elles sont commises par des groupes qui se réclament du nouveau pouvoir, ce qui montre “le mal qu’il a à gérer [ses] propres troupes”.
“L’Œuvre d’Orient appelle la communauté internationale, et particulièrement l’Union européenne, à mettre en place des instruments de soutien et de protection pour toutes les minorités”. Elles connaissent une situation de détresse humanitaire qu’occultait la violence du régime des Assad. Vincent Gelot annonce que “L’Œuvre d’Orient s’apprête à publier un rapport qui fera des propositions très concrètes en ce sens.”
Est-ce le signe d’un retour de Daesh ? En fait, rappelle-t-il, Daseh n’a jamais disparu totalement de Syrie, et à la faveur de l’affaiblissement de l’Etat syrien, il a de nouveau préparé des attentats et regroupé des forces “dans certaines régions comme le désert de Palmyre.”
Le président intérimaire syrien Ahmed Al Charaa a promis le 23 juin de traduire en justice les personnes impliquées dans cet attentat “odieux”. Voir l’article de La Croix du 23 juin : “Attentat contre une église à Damas, les autorités annoncent plusieurs arrestations“. La Croix du 24 juin précise : ” Syrie : un groupuscule djihadiste revendique l’attentat dans une église de Damas“.