Sur le site du Secours Catholique, un article de François Tcherkessof publié le 2 mars 2012.
Jacques Bérès, chirurgien, co-fondateur de Médecins sans frontières et de Médecins du Monde a relayé vendredi 2 mars l’appel des Syriens à une présence humanitaire et médiatique internationale auprès d’eux. Le Secours Catholique apporte un soutien à ses partenaires de l’aide humanitaire d’urgence.
Lire aussi le document publié sur le site du journal Réforme : Reportage : témoins de la répression en Syrie
La population syrienne réclame plus de journalistes pour témoigner de la répression féroce du régime de Bachar el Assad et des personnels humanitaires pour faire pression en faveur des droits de l’homme, assurait vendredi Jacques Bérès.
L’Europe hausse le ton
Alors que la ville de Homs venait d’être reprise aux insurgés par l’armée syrienne et que le Conseil européen avertissait le régime syrien qu’il allait devoir répondre des atrocités commises contre sa population, Jacques Bérès témoignait de sa mission en Syrie. Le chirurgien rompu aux théâtres de guerre s’est rendu clandestinement en Syrie et à Homs pour témoigner de sa fraternité avec la population massacrée et pour opérer, bien sûr.
Ne pouvant se réclamer des grandes ONG médicales, qui ne sont pas autorisées à entrer en Syrie, Jacques Bérès est parti avec un ordre de mission de l’Union des associations de Seine-Saint-Denis, une organisation musulmane de France. Cela pour prouver son rôle humanitaire en cas d’ennuis avec les forces de sécurité du régime.
Civils massacrés
Le chirurgien fait état d’un grand nombre de blessés graves, dont une majorité de civils « massacrés », c’est-à-dire « bombardés de façon intense par des obus de mortier lourds ». Les hôpitaux improvisés dans un appartement ou une école vide ne permettent pas d’opérer dans de bonnes conditions, témoigne Jacques Bérès. Il a prêté main forte pendant plusieurs semaines à des médecins syriens.
Opérés dans un appartement
« Les blessés criblés de trous par les obus à fragmentation sont perdus s’ils sont atteints à la tête ou à la poitrine. Ils peuvent s’en sortir s’ils sont touchés à l’abdomen ou aux membres », explique le chirurgien qui se battait chaque jour contre la mort. « Des blessés sont morts sur la table d’opération alors qu’ils auraient pu être sauvés dans un milieu hospitalier normal », témoigne Jacques Bérès avec consternation. « Dans l’appartement, nous manquions de personnel, d’éclairage, d’appareils d’aspiration pour les opérations », précise-t-il.
Hôpitaux dangereux
A priori mieux équipés, les hôpitaux et cliniques de Homs sont malheureusement très dangereux pour ceux qui ne sont pas les amis du régime : « amputations sans motif, enlèvements, assassinats, tortures », énumère le chirurgien humanitaire. Beaucoup de médecins et d’infirmiers sont partis dans la clandestinité.
Soutien fraternel du monde
Il y a des besoins en matériel médical, médicaments, carburant pour les groupes électrogènes, nourriture mais « le soutien fraternel du monde » est tout aussi important, affirme Jacques Bérès relayant les appels d’une population « héroïque ». Elle « a droit à notre respect, notre admiration et notre soutien », affirme le médecin.
Pour la première fois depuis 1956, la France a décidé de fermer son ambassade en Syrie. Depuis le début de la contestation du pouvoir de Bachar el Assad, depuis près d’un an, on compte plus de 8000 morts dans ce pays, civiles pour la plupart, dont des centaines d’enfants.
François Tcherkessoff (avec AFP)