“Migrants, missionnaires d’espérance”, après la journée mondiale du migrant et du réfugié.

La journée mondiale du migrant et du réfugié a eu lieu du 4 au 5 octobre 2025. Elle est célébrée chaque année depuis 111 ans à l’initiative du Vatican. A cette occasion nous proposons un texte communiqué par Armel Duteil, spiritain, résidant à Dakar (Sénégal), sur l’accueil des réfugiés et des immigrés. Ces migrants qui viennent s’échouer sur les rives de la Méditerranée viennent en effet souvent d’Afrique subsaharienne.

Paix et dialogue des cultures :
accueil des réfugiés et des immigrés
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La situation

La première chose à dire c’est que la migration est un droit, qu’il nous faut continuer à défendre. Ce droit est affirmé dans la déclaration universelle des droits de l’homme : droit de quitter son pays et doit d’y revenir.

Cela est vrai spécialement pour des croyants, chrétiens et musulmans. Nous sommes des descendants d’Abraham. Abraham, le père des migrants qui suite à l’appel de Dieu a quitté sa ville de Ur en Irak (en Chaldée) pour aller jusqu’à la Palestine d’aujourd’hui.

De même, Moïse aussi a été un migrant. Il a quitté l’Égypte pour s’enfuir dans le gésert, là où Dieu l’a appelé. Il a conduit son peuple jusque dans la terre promise.

Le premier problème c’est donc la façon dont se situent les pays occidentaux : ils cherchent à tout faire pour empêcher les immigrants d’entrer chez eux. On paye même des pays comme la Tunisie pour arrêter les migrants à l’extérieur de l’Europe. L’Italie construit des centres en Albanie pour y envoyer les demandeurs d’asile. On remet les migrants arrêtés de force à la Libye, alors que l’on sait qu’en Libye ils seront soumis à de nombreux abus, vols, viols et même esclavage. Et la Grande-Bretagne voudrait envoyer ses demandeurs d’asile au Ruanda, en payant de fortes sommes pour cela

La migration est un droit, mais le problème c’est la façon dont elle est organisée. D’abord c’est l’exploitation des candidats à la migration clandestine par des passeurs qui leur demandent beaucoup d’argent et qui parfois les abandonnent en pleine mer.

Ensuite la migration clandestine est très dangereuse : de nombreux migrants sont morts dans le désert et dans la mer. En plus c’est une illusion. Les candidats pensent trouver la paix en Europe, mais en fait la plupart du temps, ils ne trouvent que la souffrance, le manque d’accueil et même le mépris. Il est donc important d’essayer d’agir sur ces problèmes et de trouver des solutions à différents niveaux.

Au niveau des réseaux sociaux, au cinéma et à la télévision, on présente les pays occidentaux comme un paradis où tous les gens sont riches, ils ont tout ce qu’ils veulent, ils n’ont pas besoin de travailler. Il n’y a que de belles maisons, chacun a sa voiture, etc. Cela augmente le désir de partir vers ces pays européens ou aux États-Unis. Il serait très important de montrer la réalité de la vie en Europe, mais aussi les belles réalisations et la joie de vivre au pays.

Ensuite il serait important d’agir au niveau du tourisme. Quand les touristes arrivent, ils donnent, eux aussi, une fausse image de l’Europe puisqu’ils arrivent avec beaucoup d’argent, ils viennent pour se reposer, ils ne travaillent pas, ils ont des beaux appareils pour prendre des photos et les derniers téléphones à la mode. Il serait important de développer le tourisme au village, un tourisme beaucoup plus simple et vrai, de ne pas tromper les gens sur les conditions de vie des migrants en Europe. Et permettre des échanges plus fraternels.

Il faudrait également réfléchir à la façon de se comporter des migrants eux-mêmes, lorsqu’ils reviennent en visite au pays. D’abord, ceux qui peuvent revenir, ce sont ceux qui ont réussi, qui ont de l’argent et ont pu se payer le voyage et apporter des cadeaux. Trop souvent, ils ne peuvent pas expliquer les réalités de leur vie de chaque jour. Ceux qui rentrent sont obligés de ramener des cadeaux à la famille, aux amis, aux parents. Ils donnent donc l’impression d’être riches et ils ne disent jamais les difficultés qu’ils ont eues pour obtenir ces cadeaux. Ils ne parlent pas de leurs conditions de vie réelles, de leurs souffrances.

Tant qu’on n’agira pas à ces différents niveaux, il ne sera pas possible de lutter contre la migration clandestine, et contre toutes ces souffrances et tous ces dangers.

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Rappelons que le Pape François avait choisi comme thème pour la journée 2025 :

Migrants, missionnaires d’espérance.

Selon une note du dicastère pour le Service du développement humain intégral publiée le lundi 3 mars 2025 , ce thème “met en lumière le courage et la ténacité des migrants et des réfugiés, qui témoignent chaque jour de l’espérance en l’avenir malgré les difficultés“. Pour le dicastère, les migrants vivent “l’espérance d’atteindre le bonheur au-delà des frontières, l’espérance qui les conduit à se confier totalement à Dieu”.

“Le but ultime du pèlerinage terrestre”
Car “missionnaires d’espérance”, les migrants et les réfugiés le sont “dans les communautés qui les accueillent”, poursuit la note, notamment en revitalisant leur foi et en promouvant un dialogue interreligieux. Plus encore, les migrants “rappellent à l’Église le but ultime du pèlerinage terrestre, l’obtention de la future patrie”.

Retrouver ici le message publié à cette occasion par le pape Léon.

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