En soutien aux chrétiens de Palestine et à nos amis de Gaza, nous relayons les nouvelles qui nous arrivent du territoire meurtri, où la trêve actuelle procure un certain répit, mais où l’inquiétude reste de mise, après ce qui est arrivé au terme de la première trêve, l’an dernier, pour la libération d’otages.
Les textes de la soirée “Gaza Palestine” du 22 novembre 2024
Voici les comptes rendus intégraux des trois interventions à la soirée du GAIC (Groupe d’amitié islamo-chrétienne) tenue le 22 novembre 2024 au Forum 104. Son titre : “Gaza – Palestine : Une humanité perdue ?” Les textes de Jean-François Petit, Martine Sèvegrand et Youssef Boussoumah sont transmis par Laurent Baudoin, des Amis de Sabeel France.
–Jean-François Petit : “Israël-Palestine et altérité : comment les religions peuvent-elles être signe ?” Philosophe, J-.F. Petit est directeur du Réseau philosophique de l’interculturel (REPHI), groupe de recherche de la Faculté de philosophie de l’Institut Catholique de Paris. Un extrait de son texte :
“Au Proche-Orient on ne peut pas faire l’impasse d’une représentation juste des événements. Ce n’est pas simple quand les foules et les groupes sont idéologisés c’est-à-dire pris en charge par des modalités de formation qui sont nocifs pour eux, dans lesquelles ils n’arrivent plus à s’orienter. Aujourd’hui il y a un certain nombre de jeunes Israéliens qui ne veulent plus de ça et un certain nombre de jeunes Palestiniens qui n’ont pas envie non plus d’être enrôlés dans des causes qui ne sont pas les leurs. Mon intuition, et je ne suis pas le seul à l’avoir, c’est que les problèmes ne peuvent se résoudre qu’à moyen terme avec l’ensemble des acteurs, d’abord en laissant aux personnes sur place le soin de décider, car dans ce conflit il y a trop de géopolitique, trop de points de vue extérieurs, que ce soit ceux des États-Unis ou d’autres acteurs majeurs.”
Il dégage trois directions de recherche :
- Une culture du dialogue
- Une paix responsable
- Garder raison
–Martine Sèvegrand, historienne, spécialiste du catholicisme français au XXe siècle : “L’Eglise catholique face au conflit israélo-palestinien“.
Elle rappelle d’abord l’antisémitisme catholique qui semblait aller de soi au temps de l’affaire Dreyfus. Puis elle fait un historique de l’Association des amitiés judéo-chrétiennes de France (AJCF), créée en 1947, qui s’est divisée à propos du soutien ouvert qu’elle apporte à l’Etat d’Israél. Elle évoque les opinions divergentes de deux institutions catholiques, toutes deux dominicaines, qui à Jérusalem sont l’une ouvertement pro-israélienne, la maison Saint-Isaac de Btuno Hussar, l’autre plus ancienne et pro-palestinienne de longue date, l’Ecole Biblique et Archéologique Française (EBAF) de Jérusalem.
Elle mentionne comme un tournant majeur la reconnaissance de l’Etat d’Israël par le Vatican en 1993, qui n’a pas perçu de véritable réciprocité du côté israélien, ce qui a entraîné la reconnaissance par le Vatican de l’OLP du côté palestinien. L’épiscopat français avait déjà créé une (grande) Commission épiscopale des relations avec le judaïsme (CERJ), en même temps qu’un (petit) Service des relations avec l’Islam. Des évêques influents, dont Mgr Elchinger à Strasbourg et le cardinal Lustiger à Paris ont eu un rôle majeur dans le développement de ces relations.
Enfin, sont relevées les avancées qui ont eu lieu à partir de la déclaration conciliaire Nostra Aetate (28 octobre 1965), annonçant “la naissance de ce que j’appelle le judéo-christianisme”. Mais l’Eglise catholique est maintenant ébranlée par les massacres qui se déroulent à Gaza, visant en particulier les enfants. “Après avoir eu à assumer la Shoah – difficilement mais elle l’a fait – avec les responsabilités qui étaient les siennes, [elle] va avoir demain à assumer le génocide à Gaza”.
–Youssef Boussoumah, historien, spécialiste de l’histoire de la Palestine : “L’évolution du mouvement de solidarité avec la Palestine dans la société française“.
Citons seulement sa conclusion qui, au terme d’un exposé bien documenté, en vient à une actualité brûlante :
“C’est une histoire coloniale, pas une histoire religieuse ou tribale. A Gaza, il y a treize organisations de résistance – le Hamas et le Jihad islamique bien sûr, qui ont un référent religieux, mais aussi le FPLP (Front populaire de libération de la Palestine) qui est marxiste, le Parti du peuple palestinien (PPP, parti communiste), le FDLP (Front démocratique de libération de la Palestine), les brigades d’Abou Ali Moustapha, etc. C’est une vraie lutte populaire, qu’on salit en la faisant passer pour un mouvement d’affreux islamistes, comme on a sali les résistants algériens. Toutes ces organisations travaillent ensemble dans ce qu’on appelle la chambre des opérations communes.
Au Liban non plus, ce n’est pas une histoire religieuse, des chrétiens soutiennent totalement la résistance. C’est une lutte de libération nationale, une lutte populaire, et dans le cas des Palestiniens, c’est plus que cela, une lutte pour le droit de vivre, de ne pas disparaître. Qui peut arrêter ce carnage ? Les États-Unis et les Européens. L’Union européenne le peut en menaçant simplement l’Etat d’Israël de suspendre l’accord d’association qu’elle a signé avec lui (en invoquant la violation de l’article 2 sur le respect des droits humains). Ce serait un bon moyen au moins de limiter les dégâts.”
Voir ici un bref écho du débat qui a suivi les exposés.
Le dernier livre de Ziad Medoukh
“Ma vie sous les bombes à Gaza“
Vient de sortir en Belgique un nouveau livre de Ziad Medoukh sur la cinquième agression sur Gaza, toujours en cours.

Ce livre “regroupe les témoignages quotidiens de l’écrivain palestinien durant ces longs jours d’horreur absolue, ainsi que ses articles d’analyse et de réflexion pendant l’ offensive, ses poèmes et ses récits, les activités et les actions organisées pour les jeunes et les enfants de Gaza durant ce carnage, écrits dans des conditions très difficiles, sous les bombes et les pluies de missiles tombant partout, à chaque minute. On trouve les liens des interventions et des entretiens accordés par Ziad Medoukh aux médias, chaines de radio et de télévision et sites francophones sur cette agression.”
Pour le commander, contacter l’éditeur à l’adresse suivante :
Les crimes commis à Gaza par des soldats israéliens
objets de poursuites à l’étranger
–Un article du quotidien israélien Haaretz.
Laurent Baudoin, des Amis de Sabeel France, communique le commentaire d’un journaliste indépendant, Kit Klarenberg, à propos d’une enquête parue dans le quotidien israélien Haaretz, stigmatisé comme traître à Israël par le gouvernement en place. Cet article (en anglais) d’un psychologue israélien fait état d’une enquête universitaire sur une dizaine d’années, donc remontant en-deçà de la guerre en couyrs à Gaza. Elle étudie les répercussions sur les militaires israéliens des sévices qu’ils exercent à l’encontre de la population palestinienne. Voir l’article du quotidien :
Et voici le lien vers l’article (en français) de Kit Klarenberg, paru dans le média en ligne Réseau International :
“J’avais l’impression d’être un nazi”, les sionistes admettent le génocide.
–Un article du quotidien La Croix du 13 janvier 2025
Il est signé de Cécile Lemoine et intitulé “Accusés de crimes de guerre, des soldats israéliens visés par des plaintes à l’étranger”. Il fait état de l’action de la Fondation Hind Rajab, du nom d’une fillette palestinienne abattue intentionnellement par l’armée israélienne. Cette Fondation intente des actions en justice contre des soldats israéliens en permission dans les pays où ils sont amenés à se déplacer, en vertu de la compétence universelle des Etats en cas de crimes de guerre. Ces actes sont dûment documentés, en particulier à partir des récits qu’en font les militaires eux-mêmes sur les réseaux sociaux.
Cécile Lemoine conclut sur la réaction des autorités israéliennes à ces faits. Elle cite le quotidien Haaretz : “Une équipe regroupant le parquet général militaire, le ministère des affaires étrangères, le Conseil de sécurité nationale et les services du enseignement intérieur a été montée pour analyser les risques courus par les soldats, surveiller les enquêtes en cours et assurer une aide juridique.” Et le ministère israélien des affaires étrangères qui “attirait l’attention des Israéliens sur les publications sur les réseaux sociaux et sur le fait que des éléments anti-israéliens pourraient exploiter ces publications pour lancer des poursuites judiciaires vaines contre eux.” Il n’est pas question de mesures de prévention ou de répression des crimes de guerre.