Voyage "Mosaiques" au Liban: "échange, ouverture, clés de lecture…"

Aprés une nuit passée dans le gymnase du Lycée franco libanais, notre groupe continue à découvrir Beyrouth en attente d’un avion pour la France.

Bilan du voyage par Jean Baptiste.

A la veille du départ, j’essaye de me remémorer mon état d’esprit en arrivant sur cette terre du Liban afin de mieux comprendre le chemin parcouru. Ce voyage a été avant toute chose une aventure collective. Je n’avais pu entrevoir qu’une infime partie de la richesse de mes compagnons de route avant le départ. Dix jours parmi eux m’ont permis de mieux mesurer tout ce qu’ils avaient à m’apporter. L’échange et l’ouverture résument l’état d’esprit de ce groupe, toujours dans une atmosphère conviviale. J’ai trouvé auprès d’eux des clés de lecture que je n’avais pas, mais aussi des questionnements nouveaux.

Je suis venu ici afin de comprendre le Liban et sa place dans cette région du Proche-Orient que j’aspire à mieux connaître. Bien sûr, un tel objectif n’était pas réalisable dans un délai si court, mais je repars quand même avec la sensation non pas d’avoir trouvé les réponses, mais au moins les bonnes questions. Au fil de nos multiples rencontres avec des Libanais, du cadre formel des colloques aux quelques mots échangés dans la rue, s’est dessiné dans mon esprit un portrait de la société libanaise, par petites touches impressionnistes. Je commence seulement à discerner l’étendue de la diversité d’une population cohabitant sur un si petit territoire. Au-delà des différences confessionnelles, si structurantes dans un pays communautaire, les multiples paysages ont poussé les hommes qui y vivent à créer autant de cadres de vie. Les écarts de richesse sont également criants, des nouvelles tours de Beyrouth aux quartiers pauvres de Tripoli.Pourtant, malgré ces différences vécues comme autant de lignes de partage, il m’a semblé trouver quelque chose de commun dans la plupart de ces visages. De Omar, le petit footballeur de 8 ans d’une banlieue de Beyrouth aux jeunes randonneurs chiites du nord de la Bekaa, en passant par Walid l’étudiant de l’Université Saint-Joseph, tous ont manifesté une soif de rencontre extraordinaire. Dans ces dialogues pas toujours aisés du fait des barrières linguistique ou culturelle, j’ai été touché par leur ouverture au monde et l’attachement à leur pays. J’ai ressenti partout où j’allais l’espoir d’une paix durable et la volonté d’aller de l’avant. Bien sûr l’armée est très présente, et une mémoire commune de la guerre civile reste à construire, mais la société civile semble déterminée à briser les blocages du système politique.

La rencontre avec les réfugiés Palestiniens du camp de Chatila fut pour moi un temps fort de ce séjour. Bien que sensibilisé à la question palestinienne par mes études et mon voyage en Terre Sainte, je reste toujours impressionné par la découverte des conditions de vie précaires dans une promiscuité dégradante et humiliante. Malgré cela, je n’ai senti ni haine ni découragement parmi les réfugiés rencontrés. L’espoir du retour en Palestine, ou bien même le simple désir, chez les nouvelles générations qui n’ont connu que les camps, de voir cette terre ancestrale tiennent lieu d’horizon pour tous. Cela me permet de mieux comprendre le mot de Guy Aurenche, dédaignant le clivage pessimisme/optimisme pour la seule espérance.

Ce témoignage et les nombreuses autres interventions distillées tout au long du séjour m’ont aidé à mieux saisir les enjeux du vivre ensemble, bien au-delà du cadre libanais. J’ai ainsi trouvé dans ce séjour bien des éléments que je n’attendais pas, comme notamment l’impact local du commerce équitable ou le développement du tourisme solidaire. Mais plus généralement, je retiens de toutes ces interventions un appel à m’engager à mon tour. C’est d’ailleurs peut-être là une attente que je ne m’avouais qu’à moitié avant de partir : trouver des exemples d’engagement pour stimuler ma propre actionJean Baptiste