Bilan du voyage au Liban par Gaël,
« Quand on a vécu au Liban, la première religion que l’on a, c’est la religion de la coexistence. » Amin Maalouf
Voilà cela fait un fait un mois que nous sommes rentrés du Liban, un mois déjà… J’avais promis que j’écrirai quelque chose sur mon ressenti et je ne sais pas par quoi commencer… Tant de choses à dire et à évoquer.
J’ai devant moi tous les tracts et toute la documentation que j’ai précieusement gardés de nos rencontres : Najdeh, Al Kwakh, Adyan, Bethania…
Pour trouver une idée de départ, j’ouvre aujourd’hui, un peu pour l’occasion « Une année avec l’abbé Pierre, une pensée par jour pour mieux vivre ». Aujourd’hui en ce 18 mai : « La paix du monde dépend des paix individuelles » pas mal… Comme un souffle qui passe.
J’ouvre également le « Journal de la paix » de Pax Christi ou plutôt il s’ouvre seul sur une image, celle de 16 hommes et femmes des 16 principales communautés du Liban qui prient ensemble Marie, et un titre « Le Liban, le miracle de l’annonciation ».
Une même dévotion pour Marie, Meriem, fête nationale islamo chrétienne sur décision unanime du Conseil des ministres.
J’aime ce mot unanime hérité du latin, unanimus « d’une même âme ». A elle seule, cette décision symbolise les trois défis dont parlait Tarek Mitri : pacifier les cœurs, se tourner vers l’autre, vivre ensemble, fruits du dialogue et de la rencontre.
Je suis marseillais, français, catholique ! Comme dirait Guy Aurenche, j’ai plusieurs appartenances mais je partage avec mes compagnons de route, une racine commune, je suis fils d’Adam et fils d’adama. Comme Hicham, Fernand ou Etienne, … je suis sensible à la beauté celle d’Al Ghazali, de Godfrey Nzamujo, celle d’Apollinaire, unanimus, la même soif pour le même puits…
Au Liban, la langue officielle est l’arabe mais les libanais sont polyglottes, ils nous ont parlé dans un français impeccable et soutenu, en anglais aussi dans les rues de Beyrouth.
L’arabe est la langue du Coran mais elle est aussi la langue des évangiles, « Allah » prononcé par le prêtre melkite lors de la messe célébrée à Taanayel. L’arabe aussi, au bas des icônes et sur les fresques dans l’église byzantine visitée en plein centre de Beyrouth, à deux pas de la grande mosquée Hariri.
Je garde en tête la musique de la phonétique de ces villes que nous avons traversées, en arabe bien sûr : Zahle, Baalbek, Anjar, Rashaya, Taanayel, Deir al ahmar… Baal, dieu de la pluie chez les phéniciens… Ces mots, ces lieux ont quelque chose de magique.
Que de projets vus ensemble, que de visages et d’histoires : Georges et ses vignes, Leila et Fahdi d’Adyan, Gilbert et ses excursions dans l’Anti-Liban, les femmes druzes de Fair Trade Lebanon et tant d’autres… Philippe !
Autant de projets de développement qui nous parlent des richesses du Liban et de ses habitants et du rôle des femmes.
Autant de gouttes d’eau pour arroser et faire germer les graines d’un mieux vivre et d’un mieux vivre ensemble, toujours autour d’une idée, d’un projet qui fédère : tourisme, artisanat, éducation, culture.
Les chrétiens et les musulmans dans la même vigne, en voilà une belle image.
Aller vers l’autre pour recevoir le bien, le vrai qu’il a reçu lui aussi et sortir de ces petits mondes auxquels on est forcé d’appartenir, se tourner vers l’autre et grandir avec, devenir ensemble pionniers d’une même société.
Il y a les belles paroles, la théorie mais il y a surtout l’action, leurs actions et quelque chose est à l’œuvre là-bas, nous en avons été les témoins.
Je rejoins Anne et Marie sur ce que nous avons vu de ses bâtisseurs de paix : « C’est encourageant pour nous de voir ces gens qui s’engagent, on se pose les mêmes questions qu’eux, … ». Nous aussi, soyons gouttes d’eau chez nous, merci Guy.
Je ne m’étendrais pas sur l’histoire, sur l’actualité, la géographie. Il y a beaucoup à dire aussi sur les contrastes : entre gratte-ciels et misère, entre modernité, niveau d’éducation et pauvreté, sans oublier les « laissés-pour-compte » de Sha… Quelle vie ?!! Quelles perspectives ?
Alors je répondrai en citant Jean Claude Petit « Ce sont les citoyens et pas les téléspectateurs qui construisent une société solidaire » et aujourd’hui grâce à Mosaïques Liban 2010, nous ne sommes plus de simples spectateurs.
Et pour terminer, en écho avec la citation d’introduction, une injonction de Jean Marc Aveline : « Une religion ou c’est une aventure spirituelle ou ce n’est rien ! ».Gaël Barrera