Deux mois se sont déjà écoulés depuis notre voyage « Mosaïques » au Liban.
Deux mois pour digérer d’abord ; pour digérer et mûrir ce que nous avons vu, vécu et entendu. Chacun a fait le tri. Pour beaucoup, le camp de Chatila reste une image forte, peut-être la plus marquante car la plus choquante. Mais pour tous cependant, le Liban demeure cette mosaïque de visages, de couleurs et de saveurs : les visages de tout ceux et toutes celles qui nous ont offert l’hospitalité et qui nous ont accueilli les bras ouverts ; les couleurs du souk arc-en-ciel de Tripoli, des colonnes blanches de Baalbeck et de Tyr, de la corniche illuminée de Beyrouth ; les saveurs infinies des produits de la Bekka et le parfum azur de Harissa.
Deux mois pour réfléchir aux problématiques abordées et pour enrichir nos questionnements accrus. Certains ont repris leurs notes des nombreux exposés que nous avons pus suivre à l’Université Saint-Joseph, au Cirdic ou ailleurs. Il faut dire qu’il y avait de quoi faire : de l’ « audace » de Guy Aurenche à l’appel de Mgr Hajje, en passant par les interventions de Nicolas, Adriana, Anne, Julien…, nos cahiers remplis méritaient réflexion. Pour d’autres, ce sont des lectures, des projets de voyages ou des conférences qui ont ouvert plus largement encore le champ des investigations. La tournée française, au début du mois de juin, du Père Manuel Musallam, ancien curé de Gaza, en est certainement la meilleure illustration. Ce cri palestinien a trouvé dans notre expérience libanaise une caisse de résonance immédiate. L’acuité du conflit israélo-palestinien – que nous avons perçue au Liban – est devenue encore plus perceptible et terrible. C’est la raison pour laquelle nous organiserons, au cours du premier semestre 2011, une journée d’études spécifique sur cette question.
Deux mois enfin pour espérer : espérer dans ce Liban « message » (selon le propre mot de Jean-Paul II) ; espérer dans ce groupe que nous avons constitué, que nous avons tous porté et qui nous a tous porté ; espérer dans les nouveaux défis que nous nous sommes lancés. D’ailleurs le cri de Musallam n’était pas celui d’un désespéré, bien au contraire ! On retrouvait en lui cette même espérance qui anime l’Orient tout entier. C’est cette espérance que nous devons porter, parce que l’aventure Mosaïques continue à travers chacun d’entre nous.
Deux mois se sont déjà écoulés depuis notre voyage Mosaïques, et ce temps n’a pas été trop long pour nous permettre d’atterrir. Certains sont encore dans les nuages…Rémis Caucanas de l’ICM