« La fin de l’altérité »

Samir Khalil Samir, jésuite et professeur d’islamologie et de pensée arabe à l’Université St Joseph de Beyrouth: « Si les chrétiens d’Orient disparaissaient, il me semble que le plus grave serait pour le monde arabo-musulman lui-même. Il y perdrait l’altérité. »

Quel est, selon vous, le principal problème auquel les chrétiens d’Orient sont aujourd’hui confrontés ?

Je suis égyptien et j’ai vécu au Caire. La réalité libanaise est déjà différente. Le Liban n’est pas un Etat musulman mais un Etat pluriconfessionnel tel que cela est prévu constitutionnellement. Au contraire, l’Egypte est un Etat musulman. Dans la Constitution, il est écrit que la source principale et fondamentale de la législation, c’est la charia. En ce qui me concerne, je n’en veux pas. Je dis cela non pas en tant que chrétien mais en tant que citoyen. Dans la conception de la cité musulmane, l’Etat est là pour défendre le projet musulman, défendre la foi musulmane, la garantir, la protéger, ce qui attente irrémédiablement à la liberté des non-musulmans. Lire la suite sur le site de Réforme
Samir Khalil Samir, né au Caire, copte et jésuite, vit à Beyrouth où il enseigne à l’Université Saint-Joseph. Il enseigne aussi ou a enseigné à l’Institut Pontifical Oriental de Rome, à l’Université du Caire, à Tokyo, à la Georgetown University de Washington, en Palestine et, cette année encore, au Centre Sèvres de Paris. Il est l’un des meilleurs connaisseurs de la littérature arabe chrétienne, mais aussi de l’Islam. Il a publié « Les raisons de ne pas craindre l’Islam ». Dialoguer avec l’Islam ? « J’insiste : le dialogue ne consiste pas à dire ce qui fait plaisir à son interlocuteur, ce qui est plutôt le propre de la diplomatie. Le véritable dialogue requiert l’amour pour la vérité à n’importe quel prix et le respect de l’autre dans son intégralité : ce n’est pas minimaliste mais exigeant. »