Synode: "Israël a une "responsabilité" envers ses voisins qui souffrent" – De la "laïcité positive" en Orient

Le rabbin israélien David Rosen a affirmé que son pays “a une responsabilité spéciale vis-à-vis de ses voisins qui souffrent”, mercredi lors d’une intervention devant le synode sur le Moyen-Orient réuni au Vatican jusqu’au 24 octobre.

“La détresse des palestiniens en général et des chrétiens palestiniens en particulier devrait être un sujet de profonde inquiétude pour les juifs d’Israël et de la diaspora”, a affirmé le délégué du grand rabbinat d’Israël, dont l’intervention à huis clos a été distribuée à la presse. “Nous avons une responsabilité spéciale en particulier envers nos voisins qui souffrent. Cette responsabilité est encore plus grande quand la souffrance est née d’un conflit dont nous sommes partie prenante, précisément là où, paradoxalement, nous avons le devoir moral et religieux de nous protéger et nous défendre”, a insisté le religieux, directeur international des affaires interreligieuses de l’American jewish committee. Il a confié que pour lui, à titre personnel, “l’affligeante situation de la Terre sainte et la souffrance de tant de personnes des différents côtés des divisions politiques est source de grande peine”. Il a cependant souligné que cette situation difficile est exploitée pour “accentuer des tensions qui vont bien au-delà du contexte géographique du conflit lui-même”.

Qualifiant de “bénédiction” l’évolution positive des relations entre l’Eglise catholique et le peuple juif, le rabbin Rosen a salué l’action de Jean Paul II, particulièrement sa prière historique au Mur des lamentations, et celle de Benoît XVI en faveur du dialogue trilatéral musulmans-juifs-chrétiens.

Pour lui, les chrétiens “peuvent être des artisans bénis de la paix”. Un peu plus tôt, lors d’une conférence de presse, le rabbin Rosen avait estimé que Benoît XVI était “malchanceux car il y avait plus de pression sur lui que sur ses prédécesseurs”. Tout en qualifiant d'”épisode le plus dommageable de ce pontificat” la levée de l’excommunication de l’évêque intégriste négationniste Richard Williamson début 2009, il a relevé que le pape avait reconnu lui-même “des problèmes de fonctionnement de la curie”. Interrogé sur la décision de Benoît XVI de faire progresser le processus de béatification du controversé Pie XII, accusé de silence face à la Shoah, il a relevé que les “oppositions ont des fondements psychologiques très profonds”. Avant de procéder à cette béatification, “pour moi, il faudrait attendre que la génération qui a connu l’holocauste ait disparu”, a-t-il déclaré.©AFP / 13 octobre 2010 19h01)

“Le synode se penche sur Jérusalem” Lire l’article de Frédéric MOUNIER à Rome sur le site du journal La Croix

De la “laïcité positive” en Orient

Commentaires de Pascal Gollnisch sur les travaux du synode sur le site du journal La Vie

Mardi, deuxième jour du synode, quel était le programme ?

C’était donc la seconde journée de travail en formation plénière, c’est à dire en présence du pape et de tous les évêques, chacun s’exprimant à tour de rôle quelques minutes (à huis-clos, ndlr). A partir de demain mercredi, ce seront de petits cercles de travail, réunissant des gens d’Eglises et de pays différents, où les échanges peuvent être plus simples et plus spontanés.

Quels thèmes ont prédominé dans ces interventions ?

Beaucoup des interventions ont touché deux points importants de la vie des chrétiens au Moyen-Orient: la liberté de conscience et le prosélytisme. Sur le premier point, plusieurs ont évoqué l’idée de “laïcité positive”, citée dans le document préparatoire du synode. Mais le mot fait peur à certains, qui préfèrent réfléchir sur les concepts de “citoyenneté” et d'”Etat civique”. Pour nous français, le terme de “laïcité positive” est familier, il exprime l’idée du respect de la République pour tous les cultes, sans athéisme d’Etat déguisé. Mais pour certains ici, ce mot de “laïcité” laisse entendre un neutralisme sans religion des différents organes sociaux. S’il se réduit à un athéisme qui va tolérer les religions, ce n’est pas suffisant.

Enfin beaucoup ont abordé la question du prosélytisme, qui touche à la fois des questions inter-religieuses avec l’islam, oecuménique avec les orthodoxes, mais aussi entre Eglises orientales catholiques elles-mêmes (cf l’épisode de lundi: l’unité, source du témoignage)

Le chef de l’Eglise copte-catholique a évoqué “la vie très difficile et parfois insoutenable” dans les Territoires palestiniens”…

Evidemment, l’ensemble des évêques présents se sentent solidaires du monde arabe, et donc de la situation des Palestiniens. Même s’ils ne prônent pas la violence et reconnaissent en général le droit pour l’Etat d’Israël d’exister, ce sont des gens qui épousent la cause arabe car ils en font partie.

Les travaux débutent le matin par un temps de prière, célébré chaque jour selon un rite oriental différent. Qu’est-ce que cela change ?

Ce temps de prière et d’unité qu’ils vivent est très fort et palpable. Je voyais par exemple ce midi dans la salle à manger un évêque qui venait du Liban à côté d’un autre d’Irak, un troisième de Syrie, puis un d’Erythrée et d’Egypte. Il faut se rendre compte du caractère extraordinaire de ces rencontres: ces hommes viennent de pays différents, qui sont bien souvent en tension les uns par rapport aux autres. Et là, ils travaillent ensemble, se parlent, travaillent et communient dans la prière.