"Nous avons besoin de vous"

“Des corps ensanglantés, des lambeaux de chair sur les murs, des croix renversées… Les images se brouillent, les souvenirs sont parfois confus. Pourtant, même si les mots ont du mal à sortir, Najla n’a rien oublié. Entre deux sanglots, elle tente de décrire l’horreur. Après l’attaque perpétrée par al-Qaida, le 31 octobre, dans la cathédrale syriaque catholique de Bagdad, Notre-Dame-du-Perpétuel-Secours, la douleur reste vive. Cette mère de famille de 36 ans n’était pas sur place lorsque le commando a fait irruption dans l’église. Mais sa belle-sœur qui était à l’intérieur a pu la contacter grâce à son téléphone portable et la tenir régulièrement informée. Elle a tout vécu, ou presque, par procuration. 
Cinq heures d’angoisse, cinq heures d’une attente insoutenable. L’église était pleine, plus de 200 personnes. Najla relate les cris et les insultes des terroristes : « Chiens de chrétiens, vous allez tous mourir car vous êtes des infidèles. Vous irez en enfer et nous, au paradis ! Allah akbar ! » Les personnes du premier rang ont été les premières à recevoir les rafales d’armes automatiques. « Mon frère Thaer, 27 ans, un des trois prêtres présents, a tenté de s’interposer, un évangile à la main. Il a été immédiatement exécuté d’une balle dans la tête. Mon autre frère, Raad, qui était là aussi, a voulu le secourir. Il a également été abattu. En se jetant sur eux, pour tenter de les protéger, maman a été grièvement blessée. »
Najla raconte, comme si elle y était, les coups de feu, le bruit assourdissant des rafales de mitraillettes et les explosions de grenades. Elle se souvient encore des cris, des pleurs, des gémissements. Elle parle aussi de cette femme enceinte abattue d’un tir dans le dos, de deux enfants mitraillés dans les bras de leur grand-mère et d’un père qui a sauvé la vie de son fils en se jetant sur lui.” Lire la suite de l’article de Laurent Grzybowski sur le site du journal La Vie