Un appel de Jean-Claude Petit, président d’honneur de “Chrétiens de la Méditerranée”, après la rencontre de Rome, place du Capitole, à l’initiative de la communauté de Sant’Egidio.
Il y a 34 ans, en octobre 1986, le pape Jean-Paul II invitait les responsables des grandes religions à le rejoindre sur la colline d’Assise et à prier ensemble pour la paix. « L’esprit d’Assise » était né. Depuis cette date, la Communauté romaine de Sant’Egidio, fondée en 1968 par Andrea Riccardi et ses amis lycéens, a pris le relai de cette initiative et organise chaque année, dans une ville différente, la « rencontre internationale de prière pour la paix ». Rencontre qui se déroule sur trois jours pleins. Messe et séance inaugurale, le premier jour, sont suivies par des tables rondes riches et diverses et, le dernier jour, prière et cérémonie de clôture au cours de laquelle est lancé l’appel pour la paix.
Cette année, la rencontre était prévue à Rome mais la situation sanitaire a empêché son déroulement habituel. La communauté de Sant’Egidio, tout en respectant les mesures imposées, a cependant tenu à organiser, place du Capitole à Rome, une rencontre « réduite à sa forme essentielle », selon les propres mots d’Andrea Riccardi, fondateur de la Communauté. Soulignant l’importance de cette initiative, le pape François, le patriarche de Constantinople Bartholomée 1er, M. Sergio Mattarella, président de la République italienne, et des responsables de nombreuses confessions religieuses ont répondu à l’invitation de la Communauté. Parmi eux, Mgr Heinrich Bedford-Strohm, membre du Conseil de l’Eglise évangélique en Allemagne, Ahmed-al-Tayyeb, grand imam d’Al-Azhar, Haïm Korsia, grand rabbin de France, le moine bouddhiste Shoten Minagishi.
Cette rencontre a eu lieu le 20 octobre dernier. Dans un premier temps, les représentants de chaque religion ont prié dans des lieux différents, selon leurs traditions. Puis ils se sont retrouvés Place du Capitole pour entendre les interventions des personnalités présentes et l’appel solennel à la paix.
Dans son discours, Andrea Riccardi tint à remercier le pape François « pour sa parole orientatrice, dans l’encyclique Fratelli tutti, (qui) nous a invités à chercher l’avenir à la lumière de la fraternité ». Il rappela ce qui, chaque année, constitue le fondement de la rencontre internationale, en est en quelque sorte le credo : « Nous avons prié les uns à côté des autres, car la prière est la racine de la paix, qui purifie le cœur de la haine et qui demande à Dieu la fin de toute guerre ».
Puis les illustres invités reprirent dans leurs interventions le thème qui avait été proposé à la méditation et à la prière tout au long de la journée : « PERSONNE NE SE SAUVE SEUL. PAIX ET FRATERNITE ».
Le pape François : « Il y a un besoin de paix ! Plus de paix ! Nous ne pouvons pas rester indifférents. Aujourd’hui, le monde a une ardente soif de paix ! »
Le président Mattarella : « Ces temps marqués par de graves difficultés nous permettent de comprendre tous ensemble à quel point la fraternité et la bonne entente sont une richesse, dont nous avons besoin et dont nous devons tirer parti. »
Le patriarche Bartholomée 1er : « Dans la maison commune, fraternité et paix ne sont pas des éléments d’intégrisme religieux ou culturel, mais de liberté véritable. »
Le moine bouddhiste Shoten Minagishi : « Désarmons ensemble nos cœurs et parcourons ce chemin, accomplissons un pas supplémentaire vers le monde que nous cherchons, un monde de fraternité et de paix. »
Enfin, après une minute de silence en mémoire des victimes de la pandémie et de toutes les guerres, “l’Appel à la paix – Rome 2020” fut lu solennellement :
« Aujourd’hui, en ces temps de désorientation, frappés par les conséquences de la pandémie de la Covid-19 qui menace la paix en augmentant les inégalités et les peurs, nous disons avec force : personne ne peut se sauver tout seul, aucun peuple, personne ! (…) Prions le Très-Haut afin que, après ce temps d’épreuve, il n’y ait plus “les autres”, mais un grand “nous” riche de diversité (…) Aux responsables des Etats, nous disons : œuvrons ensemble en vue d’une nouvelle architecture de la paix. Unissons les forces pour la santé, l’éducation, la paix (…) A tous les croyants, nous disons : avec créativité, faisons-nous artisans de paix, construisons l’amitié sociale, faisons nôtre la culture du dialogue. »
Il m’a semblé important de partager avec vous, amis de Chrétiens de la Méditerranée, ces paroles qui rejoignent si bien les préoccupations de notre association depuis sa fondation. Ensemble, nous pouvons faire advenir la paix dans un monde plus fraternel. C’est ce que le Christ attend de nous à ses côtés.
Jean-Claude Petit
Président d’honneur de CDM
Rome, Place du Capitole. CRDP de Strasbourg
