Titre
Homs, l’espérance obstinéeAuteur
Ziad Hilal ; avec François-Xavier Maigre ; préface de Mgr Pascal GollnischType
livreEditeur
Montrouge (Hauts de Seine) : Bayard, mars 2019Nombre de pages
301 p.Prix
17,90 €Date de publication
1 août 2019Homs, l’espérance obstinée
Ce livre-récit est précis et tragique. Depuis le printemps arabe, la Syrie est en ébullition. Est-ce un conflit politique, ou un nouvel épisode de conflits religieux, ou bien encore un renouveau comme en Tunisie ? Le récit donné par le jésuite Ziad Hilal, aidé par François-Xavier Maigre[1], court du début 2011 à 2017, année de son départ de Homs pour une nouvelle mission au Liban.
Rien ne nous est épargné des péripéties de ce long conflit qui commence en 2011 : la guerre de Homs d’abord, début 2012, qui a vu partir beaucoup habitants. Les deux jésuites restent au cœur de la ville pour aider ceux qui restent (120 chrétiens sur 3000), mais ce sont les rebelles qui occupent le centre-ville. La résidence devient un centre humanitaire, pour tous. Les occupants pensent que c’est provisoire, mais ce sera pour plusieurs années.
Un chapitre inséré dans le récit raconte le compagnonnage avec Paolo Dall’Oglio, jésuite italien, fondateur de Mar Moussa, esprit libre et très engagé, très critique du gouvernement. Il quittait la Syrie en juin 2012, parcourait l’Europe mais disparaissait le 27 juillet 2013, alors qu’il voulait rencontrer un chef de Daech. On n’aura plus aucune nouvelle[2].
Le récit reprend avec le bombardement de l’église jésuite de Homs à Pâques 2012. Toute la ville est en guerre. La vie s’organise dans le dénuement. L’auteur continue à sillonner les rues en vélo ! Il a des projets de formation pour les enfants y compris des enfants handicapés. Tout se fait pour les croyants de toutes les religions, sans distinction aucune. Mais les conflits s‘aggravent en 2012 et 2013 et tous les centres sont fermés l’un après l’autre. Il faut toujours recommencer ; l’un ou l’autre centre pourra rouvrir. Fin 2013, c’est la course à la survie, il faut courir après l’eau, l’huile, le chauffage, etc.
Début 2014, la famine sévit pour certains. Il y a urgence humanitaire, alors que la Syrie est plus divisée que jamais. Heureusement, en 2014, nombre d’évacuations sont possibles. Le Père Frans, 75 ans, jésuite hollandais, supérieur de la résidence, refuse d’être évacué par solidarité avec les quelques chrétiens sur place. Il est assassiné le 7 avril 2014, ce qui provoque un traumatisme immense dans la ville et pour l’auteur[3].
En mai 2014, les évacuations continuent, toujours risquées, avec la présence des prêtres comme garantie. Puis la vie reprend, parce qu’une paix précaire est arrivée. La ville est nettoyée, des habitants reviennent pour trouver leur maison souvent détruite. Et le Centre Saint Sauveur renaît avec l’appui de toute la communauté. Il redevient un centre humanitaire.
Dans cet imbroglio de violence, de survie et de solidarité, on ne dira jamais assez le rôle des religieux et des religieuses dans cette zone de guerre, le seul lien à la vie pour beaucoup d’habitants. Le tableau de tous ces conflits est sombre. Il n’y a pas d’issue dans la guerre, mais dans la bonté et le dialogue. La mosaïque culturelle de la Syrie est en décomposition. Après huit ans de guerre, l’Église tient toujours, le travail est immense pour continuer à promouvoir « la petite espérance »[4].
Ce récit des souffrances d’un peuple était nécessaire, même s’il est difficilement soutenable. Il ne fait pas d’analyse politique globale mais nous redit le drame humain qu’une telle guerre a provoqué.
Pierre de Charentenay
[1] Ziad Hilal est né en 1973 en Syrie. Prêtre catholique, jésuite, il s’est installé à Homs où il a dirigé le Service jésuite des réfugiés et fondé le centre Éduquer les enfants à la Paix et à la Réconciliation.
Il était l’invité de Thierry Lyonnet, dans l’émission Visages, sur RCF, au printemps 2019 : cliquer ICI (durée : 55 mn).
François-Xavier Maigre est rédacteur en chef à Pèlerin Magazine. Il était l’invité de Sébastien de Courtois, dans l’émission Chrétiens d’Orient, sur France culture, le 28/07/2019 pour livrer le témoignage du père Ziad ; pour l’écouter, cliquer ICI (durée 24 mn). À lire aussi son art. sur le père Ziad dans La Croix du 19/09/2013.
[2] Cf. Son livre : La rage et la lumière : un prêtre dans la révolution syrienne : ICI
[3] Regarder la vidéo en hommage au père Frans der Lugt (1938-2014) : ICI (durée : 7.05 mn)
[4] C’est « sous la bannière de l’espérance » que se déroule, au Liban, jusqu’au 4 août 2019, la Ve édition des Journées régionales de la jeunesse. Pour en savoir plus, cliquer sur La Croix, 31 07 2019