Titre
Repenser l’EuropeSous titre
La personne et la communautéAuteur
Pape François ; préface du cardinal Pietro Parolin, secrétaire d'Etat du Saint-SiègeType
livreEditeur
Paris : Salvator, mai 2018Nombre de pages
107 p.Prix
8 €Date de publication
25 mai 2019Repenser l’Europe. La personne et la communauté
Ce petit livre rassemble cinq discours du pape François sur l’Europe lors de réunions officielles, à l’occasion desquelles il donne sa vision et exprime ses souhaits pour : un nouvel humanisme[1], construire la paix[2], retrouver un nouveau souffle[3], une Europe unie et ouverte[4], redonner une âme à l’Europe[5].
Il faut faire un effort de persévérance pour lire ces textes officiels dont la forme littéraire et la longueur reposent sur des schémas convenus et dont le contenu reste, évidemment, au niveau des principes. Une lecture donc qui n’a de sens que si elle est introduite et complétée par d’autres textes de réflexion générale et d’analyses incarnées dans la réalité des différents pays d’Europe. En conséquence, j’ai choisi quelques citations dans ces différents discours.
Pour un nouvel humanisme, le pape François rappelle au Parlement européen que la référence aux droits humains ne doit pas conduire à l’individualisme qui isole : « il est vital d’approfondir une culture des droits humains qui puisse sagement relier la dimension individuelle, ou mieux, personnelle, à celle de bien commun, de ce « nous-tous » formé d’individus, de familles et de groupes intermédiaires qui s’unissent en communauté sociale. » (p.19-20).[6] Il s’agit de « regarder l’homme non pas comme un absolu, mais comme un être relationnel ». « L’Europe est une famille de peuples […] Les institutions européennes [doivent] sagement conjuguer l’idéal de l’unité à laquelle on aspire, à la diversité propre de chacun, valorisant les traditions particulières, prenant conscience de son histoire et de ses racines, se libérant de nombreuses manipulations et phobies. » (p. 25 + note 1).
Au sujet de la question migratoire « il est nécessaire de l’affronter ensemble » dira le pape au Parlement européen en affirmant : « On ne peut tolérer que la Mer Méditerranée devienne un grand cimetière ! L’Europe sera en mesure de faire face aux problématiques de l’immigration si elle sait proposer avec clarté sa propre identité culturelle et mettre en acte des législations adéquates qui sachent en même temps protéger les droits des citoyens et garantir l’accueil des migrants ; si elle sait adopter des politiques justes, courageuses et concrètes qui aident leurs pays d’origine dans le développement socio-politique et dans la résolution de leurs conflits internes [ …]. Il est nécessaire d’agir sur les causes et non seulement sur les effets. » (p. 29-30 + note 1).
C’est à retrouver un nouveau souffle, que le pape François invite l’Europe en lui dédiant le Prix Charlemagne dont il vient d’être « honoré » (p. 55). Il évoque alors « les pères fondateurs de l’Europe, hérauts de la paix et prophètes de l’avenir » dont les projets « inspirent, aujourd’hui plus que jamais, à construire des ponts et à abattre des murs. » (p. 58-59) et il nomme Robert Schuman[7] et Alcide de Gasperi (p. 59) ainsi que Konrad Adenauer (p.62). Il insiste sur la nécessité de promouvoir « la culture du dialogue et de la rencontre » (p. 64) et, en adoptant le style du célèbre discours de Martin Luther King, il termine ainsi son discours sur l’Europe :
« Je rêve d’un nouvel humanisme européen… Je rêve d’une Europe jeune, capable encore d’être mère : une mère qui soit pleine de vie, parce qu’elle respecte la vie et offre l’espérance de vie. Je rêve d’une Europe qui prend soin de l’enfant, qui secourt comme un frère le pauvre et celui qui demande refuge et accueil parce qu’il n’a plus rien. Je rêve d’une Europe qui écoute et valorise les personnes malades et âgées… Je rêve d’une Europe où être migrant ne soit pas un délit mais plutôt une invitation à un plus grand engagement dans la dignité de l’être humain tout entier. Je rêve d’une Europe où les jeunes respirent l’air pur de l’honnêteté, aiment la beauté de la culture et d’une vie simple, non polluée par les besoins infinis du consumérisme … » (p. 68-69 + note 3)
Eugène Blanc
Pour compléter cette lecture, on pourra lire :
- De la chrétienté à Rome : les catholiques et l’idée européenne au XXe s. /Philippe Chenaux.-Tours : CLD éd., 2007. Cliquer ICI
- Voyage en Europe – proposé par le quotidien La Croix(avril-mai 2019) – : ce que l’UE nous apporte vraiment. Pour parcourir les différents pays, cliquer ICI
[1] Discours au Parlement européen, Strasbourg, 25 novembre 2014. Cliquer ICI
[2] Discours au Conseil de l’Europe, Strasbourg, 25 novembre 2014. Cliquer ICI
[3] Discours pour la remise du Prix Charlemagne, Vatican, 6 mai 2016. Cliquer ICI
[4] Discours aux chefs d’État et de gouvernement de l’Union européenne réunis en Italie à l’occasion du 60e anniversaire du traité de Rome, Vatican, 24 mars 2017. Cliquer ICI
[5] Discours aux participants à la conférence « (Re)thinking Europe ». Une contribution chrétienne à l’avenir du projet européen » organisée par la Commission des Épiscopats de la Communauté Européenne (COMECE), Vatican, 28 octobre 2017. Cliquer ICI
[6] cf. Concile Vatican II : Constitution pastorale Gaudium et Spes, sur L’Eglise dans le monde de ce temps n°26 : Promouvoir le bien commun. Cliquer ICI ; Benoît XVI, Caritas in veritate, n°7. Cliquer ICI
[7] Sur Robert Schuman, on pourra télécharger et lire le dossier que lui a consacré la revue dominicaine Lumière et Vie, n°294, avril-juin 2012, (p.21-73) ainsi que la position de Jacques Delors : Actualité du fédéralisme schumanien (p.75-87), en cliquant ICI