Titre

Le pianiste de Yarmouk

Auteur

Aeham Ahmad ; écrit en collaboration avec Sandra Hetzl et Ariel Hauptmeier ; traduit de l'allemand par Gilles Grand

Type

livre

Editeur

Paris : La Découverte, mars 2018

Collection

Cahiers libres

Nombre de pages

338 pages

Prix

19 €

Date de publication

4 mai 2019

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Le pianiste de Yarmouk

Entre la Syrie et l’Allemagne, le parcours d’un Palestinien de Syrie, sauvé par la musique.

Un ouvrage, haletant, poignant, alternant des moments d’espoir et de découragement profonds. Le pianiste de Yarmouk est avant tout le  témoignage d’une Syrie frappée par la guerre civile depuis 2011, à travers la vie d’un homme.

Il a pour cadre Yarmouk, près de Damas, un camp construit dans les années 1950 par le gouvernement syrien, pour accueillir les réfugiés palestiniens, chassés de leur terre natale par l’armée israélienne, au lendemain de la première guerre israélo-arabe de 1948. C’est dans ce camp devenu avec le temps une petite Palestine en Syrie, que naît Aeham Ahmad, l’auteur du livre. L’enfant grandit entre une mère attentive et un père aveugle, qui transmet à son fils le goût de la musique. Un art qui sera sa bouée de sauvetage et qui lui permettra de sortir du cauchemar de la guerre.

Aeham a 12 ans lorsque Bachar al Assad succède à son père Hafez, en 2000, à la tête de l’État syrien. Il est le premier petit Palestinien à avoir réussi le concours d’entrée à l’école nationale de musique de Damas. Des années heureuses pour la famille, qui grâce au génie du père, ouvre un magasin de musique prospère à Yarmouk. Un bonheur de courte durée. La révolte qui embrase le sud syrien à partir de mars 2011, gagne l’ensemble du pays. En quelques mois la famille Ahmad perd tout ce qu’elle possédait. Et Yarmouk devient un champ de ruines.

Pour résister à l’horreur, oublier les souffrances,  Aeham Ahmad, aidé de ses amis, sort chaque jour son piano pour jouer dans les ruines de Yarmouk. Il  compose, forme une chorale d’enfants pour chanter l’espoir. Coincé entre la sauvagerie de l’armée syrienne, les milices pro régime et la barbarie des groupes  djihadistes, il voit ses amis partir ou trahir, des enfants mourir, les islamistes lui brûlent son piano. Le pianiste finit par choisir l’exil.

La dernière partie du livre raconte son périple migratoire. Ses angoisses aux barrages, la prison, les menaces, la mer où il échappe à la noyade, les longues marches qui le mène jusqu’en Allemagne[1].

Aujourd’hui, l’auteur grâce à ses talents de pianiste, s’est fait une place dans la société allemande. Il court de concert en récital. Il a pu faire venir son épouse et ses deux enfants. Il goûte enfin la  sérénité, mais le remords ne le quitte pas. Tant de gens sont morts. Pourquoi a-t-il survécu ?

Des pages fortes avec, à la fin,  une question essentielle. Si toutes les forces vives, jeunes, éduquées et formées partent de Syrie, avec quoi, et surtout avec qui,  reconstruira-t-on ce pays quand la paix sera revenue ?

Luc Balbont

 

Notes de la rédaction

[1] Aeham Ahmad était l’invité de France 24, le 09/04/2018 : regarder la vidéo, en cliquant ICI (durée : 12,40 mn)