Le vol de l'eau dans les territoires de Palestine occupée

A QUI APPARTIENT LA TERRE DE PALESTINE
LE VOL DE L’EAU DANS LES TERRITOIRES DE PALESTINE OCCUPEE

Ahmad Qot est un paysan pauvre de Palestine. Il passe entre trois et quatre heures par jour à aller chercher avec son âne l’eau nécessaire à ses neuf enfants et aux cinq animaux de sa ferme. Je l’ai rencontré par hasard, devant un puits alimenté par une galerie ancestrale qui achemine l’eau depuis les collines dominant Madama, son village situé en Cisjordanie, près de Naplouse. Plusieurs fois de suite, il laisse tomber son seau au fond du puits, puis le remonte, remplissant peu à peu ses bidons de plastique. Son âne attend, impassible, que l’on charge sur son dos les provisions d’eau. « Je viens ici trois fois par jour, m’explique Ahmad. J’ai trois vaches et deux moutons, il n’y a qu’ici que je peux leur trouver de l’eau. ». La survie de ses animaux dépend d’un petit puits au bord de la route, dont la belle margelle porte la marque profonde imprimée dans la pierre au fil des siècles, par le frottement des cordes. Car cela fait une éternité que ce puits est l’unique source d’ eau du village.
Les habitants affirment que la galerie et son puits sont « romains », ce qui signifie juste qu’ils sont fort anciens. La galerie recueille l’eau qui s’échappe de petites sources blotties aux creux des collines et la transporte jusqu’au village. La Cisjordanie regorge de galeries de ce type. Les hydrologues les appellent des « galeries filtrantes ». Il s’agit d’un système de captage de l’eau très ancien, dont la plupart des Palestiniens ne savent pas grand chose. Bon nombre de ces galeries sont désormais asséchées, à cause de la baisse du niveau des nappes souterraines. Celle de Madama est alimentée toute l’année. Autrefois, les 2 000 habitants de Madama disposaient d’une autre source d’eau, située sur les hauteurs d’une colline des environs, sur une corniche désormais occupée par la colonie sioniste de Yitshar. Une canalisation relie la source à un réservoir, installé devant la mosquée de Madama. C’était jadis pour le village, la principale source d’eau limpide, potable et gratuite. Puis le source a été polluée. Lire la suite du document.