Libye : le naufrage de deux bateaux de migrants fait au moins 30 morts
Les autorités libyennes ont par ailleurs annoncé le sauvetage de 200 personnes, samedi 25 novembre. Les secours sont encore à la recherche de 40 disparus.
SOURCE AFP
Les secours ont découvert “un premier canot pneumatique qui avait coulé où plusieurs personnes étaient agrippées à une partie de l’embarcation” et ont pu “sauver 60 personnes et récupérer 31 corps dans l’eau”, a poursuivi ce colonel. Autour du deuxième canot, il y avait “140 survivants”, a-t-il ajouté. En plus des morts et des rescapés, “une quarantaine de personnes sont portées disparues”, a indiqué à l’Agence France-Presse le général Ayoub Kacem, porte-parole de la marine libyenne.
Selon lui, “18 femmes et trois enfants” figuraient parmi les migrants morts, et “un enfant et neuf femmes” parmi les rescapés secourus autour du premier canot. Du second, les gardes-côtes ont secouru tous les passagers, dont 30 femmes et 26 enfants, pour la plupart originaires de la Somalie, mais également des Pakistanais, Ghanéens, Éthiopiens et Nigérians.
Les survivants conduits à Tripoli
Tous les survivants ont été conduits dans une base navale de Tripoli où les autorités leur ont fourni de l’eau, de la nourriture et une assistance médicale. L’ONG française SOS Méditerranée a plus tard annoncé qu’elle avait recueilli samedi dans les eaux internationales, également au large des côtes libyennes, plus de 400 personnes qui étaient à bord d’un bateau en bois très endommagé. Les gardes-côtes italiens, qui coordonnent les secours dans les eaux internationales, ont quant à eux confirmé que d’autres opérations de sauvetage étaient en cours samedi dans la soirée.
Les autorités italiennes ont également indiqué qu’un total de 1 500 personnes avaient été sauvées jeudi et vendredi 24 novembre. Les migrants interceptés ou sauvés par les gardes-côtes libyens sont généralement détenus dans des centres de rétention en vue d’un rapatriement vers leur pays, mais l’attente est parfois longue et a lieu dans des conditions déplorables.
Le drame de samedi intervient quelques jours après la diffusion par la chaîne de télévision américaine CNN d’un documentaire-choc montrant l’existence de ventes d’esclaves, des migrants, près de Tripoli, qui ont indigné le monde entier. Les autorités libyennes ont ouvert une enquête en vue d’identifier et d’appréhender les responsables afin qu’ils répondent devant la justice de leurs actes, qualifiés d'”inhumains”.
Plaque tournante
Depuis que l’affaire a éclaté, elles se défendent en rappelant le poids que les flux de migrants font peser sur la Libye, déjà ébranlée par les crises politiques, l’insécurité et de graves difficultés économiques depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi en 2011. La Libye “est une victime de l’immigration clandestine, un État-transit, pas sa source”, avait estimé le gouvernement d’union nationale (GNA) dans un communiqué jeudi. Selon lui, la seule solution est le retour à la stabilité dans ce pays.
Avant la diffusion du documentaire, le haut-commissaire de l’ONU aux droits de l’Homme, Zeid Ra’ad Al Hussein, avait déjà vivement dénoncé la détérioration des conditions de détention des migrants en Libye, un pays qui se trouve être la plaque tournante du transit des migrants d’Afrique subsaharienne cherchant à gagner l’Europe.
L’Union européenne dans l’impasse
Soucieuse de contrôler ce flux migratoire, l’Union européenne (UE) peine à trouver des solutions pour ces candidats à l’exil, à la merci des passeurs et des trafiquants. Les arrivées de migrants en Europe via la Libye ont connu une forte baisse au cours du troisième trimestre 2017, a relevé le Haut-Commissariat de l’ONU pour les réfugiés (HCR) dans un rapport diffusé jeudi. Le nombre des personnes traversant la Méditerranée à partir de la Libye pour arriver en Italie a ainsi chuté entre juillet et septembre, passant de 11.500 à 6.300, pour un total de 21.700 sur l’ensemble du trimestre.