La visite à Montpellier du maire de Bethléem, compte-rendu de Xavier Godard

 

CDM a appuyé la rencontre-débat organisée par le collectif Kairos Palestine avec Anton SALMAN, maire de Bethléem, le 12 octobre à Montpellier. Plusieurs associations ont œuvré à l’organisation de cette rencontre, notamment Pax Christi, le CCFD, la Cimade, le Secours Catholique, les Amis de Sabeel … L’appui de Mgr Claude Azema a aussi contribué à la réussite de cette rencontre à laquelle ont assisté près de 170 participants. Elle s’insérait dans un programme plus large, organisé par l’AFPS, en particulier une conférence grand public le 14 octobre, le tout dans le cadre du jumelage entre les deux villes de Montpellier et Bethléem.

La rencontre était animée par un des pasteurs  de Montpellier, Luc-Olivier Bosset, avec l’aide de Jean Marie Larose (CCFD TS) qui gérait les questions écrites adressées à l’orateur. La traduction de l’arabe vers le français était assurée par Norma Marcos, réalisatrice de cinéma franco-palestinienne et cousine d’Anton Salman.

Un premier exposé introductif a été fait par Martine Millet, qui a résumé les dates clefs de la situation en Palestine depuis la déclaration Balfour en 1917. Elle a ensuite insisté sur les conditions dégradées de vie des palestiniens aujourd’hui dans le contexte de colonisation qui continue à se développer. Le tableau pessimiste ne doit pas empêcher des facteurs d’espoir, comme le sont les actions des différentes associations israéliennes qui militent en faveur de la paix et des droits des palestiniens (B’tselem, Breaking the silence…).

Anton Salman a été élu maire de Bethléem il y a quelques mois, face à plusieurs autres candidats. Mais il n’a pas d’opposition au conseil municipal, le souci de tous étant la recherche de l’intérêt des habitants. Il rappelle lui aussi l’histoire de la Palestine, mettant en relief l’existence d’un peuple palestinien multiconfessionnel avant l’immigration progressive des juifs. Au début du XXème siècle c’était d’abord la lutte contre l’empire ottoman qui occupait les esprits. Des départs de chrétiens palestiniens ont été provoqués à cette époque où selon un recensement turc, on avait 70% de musulmans, 22% de chrétiens et 8% de juifs ou autres religions. Cet aspect de l’histoire est important car cela a laissé la place aux migrations juives ultérieures.

L’histoire est faite d’étapes où les palestiniens ont fait des pas vers la paix (la fameuse phrase de Arafat : c’est caduc, s’appliquant à la charte de l’OLP et valant reconnaissance de l’existence d’Israël), les accords d’Oslo, etc… mais à chaque fois Israël a reculé devant la reconnaissance d’un Etat Palestinien. C’est d’ailleurs cette perspective qui a provoqué l’assassinat de Rabin. Il n’y a pas de solution de paix sans la reconnaissance de l’Etat Palestinien. La situation actuelle de la colonisation (il cite un million de colons en Cisjordanie, ce qui est peut-être exagéré) est très difficile à vivre, notamment à Bethléem où la construction du mur se poursuit et où les tentatives d’extension des colonies sont toujours actuelles.

Le peuple palestinien est composé de membres des trois religions et Anton Salman insiste sur le fait que certains juifs sont acteurs au sein de l’Autorité Palestinienne : l’un est membre du conseil d’orientation du Fatah, un autre est un élu

Il estime que le rôle des chrétiens en Palestine est essentiel pour l’équilibre de la Palestine et de la Région et c’est un gage de protection qui va bien au-delà de cette Région, ne serait-ce qu’en référence aux lieux saints. Il évoque un épisode douloureux en 2002 où l’armée israélienne encerclait et menaçait la basilique de la Nativité et où il avait agi pour protéger ces lieux et les prêtres qui s’y trouvaient, durant 37 jours. Le message des chrétiens repose sur trois notions :  paix,  justice et amour. Mais le problème survient lorsque la réciproque n’est pas appliquée.

Que peuvent faire les chrétiens ici ? D’abord s’informer pour comprendre la vérité de la situation en Palestine, la faire connaître autour de nous. Insister sur la justice. Aider les palestiniens dans certains de leurs projets, notamment sur le plan éducatif et culturel.

La rencontre s’est achevée par la lecture d’une prière œcuménique, retravaillée à partir du Notre Père.

Compte-rendu établi par Xavier Godard (CDM)