Turquie, six frères aux frontières du dialogue

La présence des frères mineurs en Turquie se renouvelle au travers de la création d’une nouvelle communauté à Izmir. Six frères de diverses nations s’engagent au service du dialogue interreligieux.
Promouvoir le dialogue œcuménique et interreligieux, la rencontre avec les peuples et les cultures à l’image de saint François d’Assise. C’est dans cet esprit que les Frères mineurs ont donné vie à une nouvelle fraternité franciscaine à Smyrne (Izmir), deuxième ville la plus peuplée de la Turquie occidentale, située sur la côte de la mer Egée.
« Plus que nouvelle fraternité, il faut parler de fraternité renouvelée » tient à préciser frère Ruben Tierrablanca Gonzalez (troisième en partant de la gauche sur la photo), originaire du Mexique, assistant pour le dialogue et vicaire général du Vicariat apostolique d’Istanbul. Il fut aussi supérieur de la Fraternité internationale et animateur du Cours de formation permanente sur le dialogue œcuménique et interreligieux (qui en est désormais à sa douzième édition), lequel se tiendra cette année dans la ville sur le Bosphore du 13 au 28 octobre 2016.
« La présence franciscaine en Turquie date du XIIIe siècle – explique frère Ruben -. Elle remonte à 1235, à l’époque de l’Empire Romain d’Orient à Constantinople. Elle n’a jamais été interrompue. Quant à Izmir, les Frères mineurs s’y sont établis durant la seconde moitié du XIVe siècle, à proximité du port d’Alsancak. La première église Santa Maria fut détruite lors d’un tremblement de terre en 1688. Ensuite, furent construits en lieu et place une nouvelle église et un grand monastère avec l’aide des Hollandais ; l’inauguration eut lieu le 25 décembre 1692. L’église actuelle a subi un incendie en 1889. Avec le soutien de l’empereur François-Joseph d’Autriche cette dernière fut restaurée en 1891. Aujourd’hui, nous sommes six frères en Turquie : à Istanbul se trouvent les frères Eleuthère Makuta Baharanyi et Pierre Matabaro Chubaka (de la République démocratique du Congo) avec le père Antonius Douma (Indonésie) ; à Izmir, nous sommes frère Pascal Robert Kenneth (du Pakistan), frère Apollinaire Bahinde Bwalike (République démocratique du Congo) et moi-même ».
A Izmir la présence franciscaine est tout sauf récente …
Au siècle dernier, l’église Santa Maria de Smyrne a d’abord été affecté à la province religieuse des Marches et en 1935 à la province toscane de saint François stigmatisé. En 2015, elle est passée sous l’autorité directe de la Curie générale à Rome. La nouveauté ne réside donc pas dans la présence franciscaine, mais dans le renouvellement de la fraternité. En outre, en plus de la prise en charge pastorale de la paroisse, le ministre général Michael A. Perry nous a demandé d’œuvrer à plus de dialogue œcuménique et interreligieux, en confiant à notre communauté de Smyrne deux églises dédiées à Sainte-Marie et au Saint Nom de Marie. Nous ne sommes qu’une seule fraternité dans deux maisons, Istanbul et Izmir, trois frères dans chacune avec un seul père supérieur (le frère Eleuthère). Ce changement exige des efforts et de bonne volonté.
Smyrne a depuis décembre dernier un nouvel archevêque, le dominicain Lorenzo Piretto.
L’archevêque a accueilli notre présence avec joie. Nous travaillons dur pour entrer dans le tissu ecclésial du diocèse et rencontrer les frères des autres confessions. Nous avons déjà commencé à découvrir l’Eglise orthodoxe grecque, anglicane, luthérienne, et en ce mois d’avril 2016, nous aurons une rencontre fraternelle avec quelques pasteurs des communautés pentecôtistes. Peu à peu le cercle va s’agrandir.
Dans le contexte de la Turquie d’aujourd’hui, il n’est pourtant pas facile de témoigner de l’Evangile sans soulever aucune résistance …
Notre rêve à Izmir est de créer une relation avec les gens de bonne volonté qui souhaitent partager et approfondir les valeurs culturelles qui sont à la base de la coexistence pacifique. Le pape François a demandé de renouveler l’Eglise par l’extérieur et notre proposition de dialogue veut concrétiser dans la vie de tous les jours ce « signe des temps ». Dans un environnement multi-religieux et multiculturel, nous avons la possibilité, ou plutôt la grâce, d’offrir un service à toute personne, au-delà de la foi qu’elle professe et de sa culture d’appartenance. Nous croyons que l’Esprit du Seigneur se manifeste en tout homme et nous voulons le trouver dans un dialogue avec tous.

Pour plus de nouvelles et de détails sur la vie et les initiatives des Frères mineurs en Turquie visitez leur site internet (en anglais et italien).