OLJ – Erekat : Il n’y a pas de partenaire pour la paix en Israël

Les Palestiniens n’avaient aucune illusion quant aux élections israéliennes, mais le triomphe de Benjamin Netanyahu ne fait que les conforter dans leur détermination à la confrontation diplomatique et légale.

M. Netanyahu, le Premier ministre sortant, semble en position d’entamer un nouveau mandat. C’est le même homme qui, aux dernières heures de sa campagne, promettait d’empêcher la création d’un État de Palestine et se rendait symboliquement chez les colons de Jérusalem-Est pour promettre qu’il ne laisserait pas les Palestiniens y établir leur capitale comme ils l’entendent et qu’il y poursuivrait la colonisation. En choisissant M. Netanyahu, Israël « a choisi la voie du racisme, de l’occupation et de la colonisation, et pas la voie des négociations et du partenariat », a asséné Yasser Abed Rabbo, secrétaire général de l’OLP. Pour le négociateur en chef palestinien Saëb Erakat, M. Netanyahu a « enterré la solution à deux États ». Un « crime de guerre » supplémentaire que les Palestiniens porteront devant la Cour pénale internationale (CPI) dès le 1er avril, a-t-il assuré. « Il n’y a pas de partenaire pour la paix en Israël », a-t-il dit.
Côté israélien, on jouait hier l’apaisement. Un proche de M. Netanyahu, Tzahi Hanegbi, a assuré que si l’Autorité palestinienne de Mahmoud Abbas « change d’attitude », elle « trouvera la main tendue du Likoud (le parti de M. Netanyahu) pour reprendre le dialogue ». Ce à quoi la présidence palestinienne a rétorqué qu’elle coopérerait avec « tout gouvernement » prônant « la solution à deux États, avec Jérusalem-Est comme capitale de l’État de Palestine ». Sans cela, « le processus de paix n’aura aucune chance ».

« Les masques sont tombés »
Malgré tout, les Palestiniens vont « accélérer, poursuivre et intensifier » leur offensive diplomatique, maintient M. Erakat. C’est sous M. Netanyahu qu’ils se sont tournés en 2012 vers l’Onu pour obtenir le statut d’État observateur. Sous son mandat encore qu’ils ont proposé en 2014 une résolution – qui a échoué – au Conseil de sécurité de l’Onu pour fixer un terme à l’occupation israélienne. Et c’est M. Netanyahu notamment qu’ils veulent faire citer à la CPI, une initiative qui leur vaut depuis trois mois de ne plus recevoir plus de deux tiers de leurs recettes propres, aujourd’hui près d’un demi-milliard de dollars, gelées par le gouvernement Netanyahu. Pour Mustapha Barghouthi, un dirigeant palestinien, « les masques sont tombés » avec ces élections. « Netanyahu tue la solution à deux États et Israël est officiellement un État d’apartheid », écrit-il sur Twitter. Mardi, en plein scrutin, M. Netanyahu diffusait une vidéo alarmiste : les Arabes israéliens « votent en masse, la droite est en danger ». Pour le porte-parole de l’OLP, Xavier Abou Eid, c’est la preuve que « Netanyahu connaît Israël mieux que personne : plus de colonies + discours de haine + refuser aux Palestiniens leurs droits = élection gagnée », tweete-t-il.

Dans la rue palestinienne domine plutôt la résignation, en particulier à Gaza, ravagée par trois offensives israéliennes en six ans et où le Hamas islamiste s’est redit « prêt et fort » en cas de nouvelle guerre. Les travaillistes auraient permis à Israël de montrer son meilleur visage à la communauté internationale, disent les Palestiniens. En revanche, note l’écrivain palestinien Raja Shehadeh dans une tribune, « quand on leur demande qui ils préféreraient voir gagner, la réponse la plus fréquente est Netanyahu car mieux vaut le mal qu’on connaît ».

Nasser ABU BAKR/AFP