Recension

Titre

Requiem pour le père Jacques Hamel  

Sous titre

Lettre d’un musulman

Auteur

Mohammed Nadim ; lettre-préface de Mgr Dominique Lebrun

Type

livre

Editeur

Paris : Bayard, juin 2017

Nombre de pages

141 p

Prix

12,90 €

Date de publication

24 juillet 2017

Requiem pour le père Jacques Hamel

 

Un an après l’assassinat du Père Jacques Hamel – le 26 juillet 2016, dans sa 86e année, dans son église de Saint-Etienne-du-Rouvray – par deux jeunes assassins se revendiquant de l’islamisme, un très bel hommage lui est rendu par un écrivain musulman, Mohammed Nadim, français originaire d’Algérie dont c’est le premier livre[1]. Mohammed Nadim vit et travaille au sud de l’Algérie.

Construit en forme de lettres adressées au père Hamel pour le rejoindre dans son dernier voyage – méditations sur la vie, sa vie, l’innocence et la violence, prières aussi – ce livre est écrit dans une langue splendide et souvent poétique. Citant Saint-Augustin comme le pape François, ce croyant s’adresse à cet autre croyant comme à un frère, qu’il n’a pas connu mais qui lui est infiniment cher.

Il sait trouver des images et des mots pour exprimer sa peine et apaiser le chagrin ; pour dire aussi son refus de la violence exercée au nom de Dieu par des hommes qui ont « perdu la raison » ; et faire part de son émotion devant la force de la fraternité dont a témoigné au lendemain de l’assassinat, l’accueil, dans des églises ouvertes à tous, de croyants de toutes confessions. Ceux-là ont démontré par leur présence et leur recueillement que « le meilleur barrage contre l’intolérance […] c’est ouvrir encore plus grand notre cœur ».

L’engagement du Père Hamel au service de tous et d’abord des plus pauvres, sa vie qui apparaît donnée dès l’origine à Dieu comme à ses frères, et le témoignage de son martyre sont reliés par Mohammed Nadim, dans une très belle intuition spirituelle, à la vie et la mort des moines de Tibhirine (page 68) qui sont allés « jusqu’au bout de leur fidélité ». Il appelle ses frères musulmans à rechercher dans le Coran non les versets qui divisent mais ceux qui réunissent les hommes (pages 79 à 81), car Dieu est un Dieu de vie et de paix, et c’est en consolidant ce qui nous unit que nous aurons été « à la hauteur de l’humanité ».

Au terme de sa courte et belle préface, Mgr Lebrun s’adressait ainsi à l’auteur : « Nous ne nous connaissions pas mais nous voilà amis ! Aurions-nous le même Dieu ? ». Pour sa part, après la poignante et douce série d’invocations de paix, les « Salam » qui terminent son livre, Mohammed Nadim fait le rêve que, dans les espaces d’oasis et de désert de sa ville de Timimoun, se réuniront les liturgies et les prières, celle du P. Hamel comme la sienne :

« Près de ma mosquée en plein désert, dans mon royaume de sable fin […], je vous bâtirais une église […], le temps ici est toujours radieux et il ne pleut presque jamais et on priera ensemble, notre Dieu est le même, nos louanges sont identiques. »

Cette voix des deux frères enfin réunis, ce beau livre la fait déjà résonner en nous[2].

 

Bertrand Wallon

[1] Mohammed Nadim vit et travaille au sud de l’Algérie.

[2] On pourra lire :

  • Les hommages rendus au P. Jacques Hamel dans La Croix du 21/07/2017 :

http://www.la-croix.com/Journal/Jacques-frere-etait-tout-homme-parmi-hommes-2017-07-21-1100864414?utm_source=Newsletter&utm_medium=e-mail&utm_content=20170721&utm_campaign=newsletter__crx_subscriber&utm_term=723106&PMID=1b4a48e1e2b4ca5e7897b3935d19fbb5