Titre

« Ne nous oubliez pas ! »

Sous titre

Le S.O.S. du Patriarche des chrétiens d'Irak

Auteur

Mgr Louis Raphaël Sako ; préf. du cardinal Philippe Barbarin

Type

livre

Editeur

Bayard, 05 février 2015

Nombre de pages

150 p.

Prix

16,90 €

Date de publication

15 mai 2015

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« Ne nous oubliez pas ! »

Préfacé par le cardinal Philippe Barbarin, le livre est un long entretien du patriarche chaldéen Louis Sako, irakien, avec Laurence Desjoyaux, journaliste à La Vie. Il est réparti en cinq chapitres différents mais liés intrinsèquement entre eux.

Déjà dans la préface, Mgr Philippe Barbarin exprime les sentiments d’amitié et d’affection qui le lient étroitement aux chrétiens d’Irak, concrétisés par ses deux visites en Irak et le jumelage réalisé récemment entre le diocèse de Lyon et le diocèse de Mossoul.

Le premier chapitre traite de l’État islamique qui a causé un drame, une catastrophe pour les différentes minorités de la région de Ninive en envahissant Mossoul, la deuxième ville irakienne, le 10 juin 2014. Le patriarche ne manque pas de relater la chronologie des événements de cette tragédie avec beaucoup de détails et de précision.

Le deuxième chapitre traite du christianisme irakien depuis l’âge apostolique jusqu’aujourd’hui. C’est une histoire tellement marquée par la foi des chrétiens, par les persécutions et les souffrances, par la volonté d’œuvrer pour leur pays. Mais à partir de 2003, les Américains qui ont commis de graves erreurs, ont créé un Irak en désordre total. La société a subi les mauvaises conséquences de cette invasion. Les chrétiens ont payé très cher : épuration ethnique et persécution religieuse par des groupes terroristes se réclamant d’un islam dur et violent, enlèvements des chrétiens, assassinats de membres du clergé, attaques d’églises, attentats contre des églises et des évêchés, confiscation des biens des chrétiens et autres actes de barbarie. Bref, le but est d’effacer la présence chrétienne en Irak. A cause de ces tribulations énormes, les chrétiens désespérés ont choisi l’émigration.

Le troisième chapitre parle de l’itinéraire personnel du Patriarche chaldéen, Louis Sako. Né en 1948, d’une famille chrétienne pauvre, immigrée de la Turquie et ensuite à Mossoul, il entre en 1960 au séminaire des dominicains établis en Irak depuis 1750. Ordonné prêtre en 1974 à Mossoul, nommé évêque de Kirkouk en 2003, et élevé au siège patriarcal. Il raconte quelques souvenirs de sa vie au séminaire des dominicains de Mossoul, de sa première mission en tant que prêtre oriental.

Le quatrième chapitre nous amène à la particularité du patriarche : dialoguer avec les musulmans. Dialoguer, non pas au sens occidental mais à la manière orientale. Cela veut dire, selon le Patriarche, entretenir de très bonnes relations avec les dignitaires musulmans de la société irakienne et surtout celle de Bagdad. On peut remarquer que le titre de ce chapitre sonne faux car le patriarche ne parle pas de dialogue avec l’islam mais avec des musulmans.

Le cinquième chapitre traite de l’avenir de l’Irak et de celui des chrétiens. On revient sur la situation difficile des chrétiens exilés dans le Kurdistan ; sur les efforts accomplis pour soulager leurs grandes souffrances ; sur leur espoir de retourner un jour dans leurs villes et villages occupés par l’État islamique mais pillés par les musulmans sunnites voisins ; sur l’immigration d’un grand nombre d’entre eux après avoir perdu tout ce qu’ils avaient.

Concernant l’avenir de l’Irak, le patriarche reste comme d’habitude très positif, pour ne pas dire trop. Il estime que les chrétiens d’Irak ne doivent pas quitter leur pays car ils y ont un rôle important et positif à jouer.

Ce livre mérite d’être lu, au moins pour deux raisons à mon avis : 1) connaître l’actualité en détail sur l’Irak actuel, sur les chrétiens irakiens persécutés et sur l’État islamique, 2) connaître les pensées personnelles du patriarche chaldéen sur tout ce qui se passe en Irak et dans la région du Moyen Orient.

Fr. Anis Hanna, o.p.