Titre
La Bible et l’invention de l’histoireSous titre
Histoire ancienne d’IsraëlAuteur
Mario Liverani ; trad. par V. Dutaut ; préface par J.L. SkaType
livreEditeur
Bayard, 2008 ; rééd. Gallimard, 2010Collection
Folio. Histoire ; n°178Nombre de pages
618 p.-Prix
10, 20 €Date de publication
1 juillet 2017La Bible et l’invention de l’histoire
Presque dix ans après sa publication, l’ouvrage de Mario Liverani, spécialiste international de la Mésopotamie et du Levant, demeure un repère pour tout lecteur désireux de s’aventurer sur les chemins de la Bible. Sous la forme d’une épopée enracinée dans les paysages du Proche- Orient ou d’une fresque sans arrêt retouchée ou restaurée, le chercheur-pédagogue fournit un guide de lecture, respectueux des textes mais sans naïveté.
Le lecteur, en quête de certitudes définitives, risque fort d’être déçu car l’histoire ancienne d’Israël – c’est le sous-titre de l’ouvrage – est ici redécouverte sans a priori. L’auteur resitue les témoignages connus dans l’ensemble de l’histoire du Proche-Orient. La démarche est pertinente : elle ouvre de nouvelles perspectives, elle leste le récit historique.
L’exposé qui s’appuie sur des recherches nombreuses et récentes demeure cependant accessible au lecteur qui n’appartient pas au sérail. Un coup d’œil sur la bibliographie ne sera pas superflu.
Grâce à un découpage judicieux en dix-neuf chapitres dont les titres sont choisis avec justesse, le lecteur suit le parcours proposé sans fatigue.
En développant une double approche, une histoire normale et une histoire inventée, l’auteur bouscule nos réflexes anciens et suggère une dynamique – plus qu’une méthode – de lecture.
En gardant ce guide à portée de main sans qu’il devienne un manuel, le lecteur occasionnel ou assidu déplacera son regard et envisagera des perspectives ignorées jusqu’alors.
Sous cet angle, trois moments-clés sont à retenir particulièrement dans cette histoire ancienne d’Israël :
- Les luttes sociales caractéristiques de la transition du Bronze récent au Fer 1 :
Entre 1150 et 850, tout le Levant se développe progressivement sans redouter aucune menace sévère. La zone occupée par les tribus israélites, à l’intérieur des terres dans la partie méridionale du Levant, ne peut guère prétendre à quelque primat miraculeux.
- La suprématie de l’Assyrie sur le Proche-Orient, avant l’émergence de la domination babylonienne :
L’Assyrie assure la suprématie jusqu’à la côte méditerranéenne. Retenons la date de 853, la bataille de Qarqar au cours de laquelle Achab a engagé une grosse armée aux cotés de Damas. Il en résulte que l’araméen devient durablement la langue commune.
Dans les sociétés de cette époque, la présence et le rôle des prophètes apparaît comme une constante.
- Le rôle majeur des judéens captifs, puis installés à Babylone, dans la structuration du pouvoir et dans l’organisation du culte à Jérusalem à l’époque perse :
Contrairement à ce qui est observé sous la suprématie assyrienne, les mouvements de populations imposés par Babylone ne sont pas parvenus à effacer l’identité judéenne.
La population juive déportée parvient à reconstruire en terre étrangère sa singularité ethnique, religieuse et culturelle.
Il ne faut donc pas s’étonner de voir, après l’inauguration du Temple, en 515, le pouvoir sacerdotal prendre la tête de la communauté juive, créer la nouvelle cité-Temple et nourrir une attente proprement eschatologique.
Marc Ameil