Début du Ramadan : persévérer dans le dialogue islamo-chrétien

(RV) Ce lundi 6 juin a marqué le début du ramadan, le mois sacré pour les musulmans. Ce temps de jeûne et de piété est l’un des rites les plus importants de l’islam. Dans le monde, près d’un quart de la population est concerné. Le Ramadan s’étalera sur près d’un mois, en principe jusqu’au 5 juillet.
En France, le chiffre des musulmans qui pratiquent le Ramadan est en nette augmentation, selon un sondage Ifop. Depuis les années 90, il est passé de 60% à 71%. C’est chez les jeunes musulmans que l’écart entre la pratique régulière et l’observance du Ramadan est la plus frappante : alors qu’un quart d’entre eux déclare prier, les trois-quarts font le Ramadan. Pilier de l’Islam, le Ramadan est aussi un acte festif et fédérateur pour la communauté musulmane, ce qui explique son succès.
Pour de nombreux fidèles, pendant cette période, la spiritualité revient au cœur des priorités, ainsi que l’attention aux plus pauvres. Le calendrier musulman s’articule autour des phases de la lune et non sur la position de la terre relative au soleil, comme c’est le cas du calendrier grégorien. La date du Ramadan avance donc chaque année de onze jours environ. Dimanche soir, le croissant de lune était bien visible dans le ciel. En France, les principales fédérations musulmanes ont choisi cette année d’unifier leur position
Mais qu’en est-il des relations islamo-chrétiennes ? C’est l’occasion de faire le point.

Cyprien Viet
Attentats terroristes, attaques anti-chrétiennes, crispations identitaires, montée du fondamentalisme, au Moyen-Orient, au Bangladesh, au Nigéria, au Pakistan : le climat, c’est un fait, n’est pas favorable. En France, relève l’hebdomadaire La Vie, les autorités catholiques ont organisé deux journées d’étude au titre limpide : “quand le dialogue interreligieux se fait difficile”.
À Rome pourtant, le Pape François ne cesse de multiplier les gestes de rapprochement en direction de la deuxième religion du monde. «Musulmans et chrétiens, nous sommes frères pour la paix. Nous avons la même racine», a-t-il affirmé samedi en recevant la mère de l’émir du Qatar. Quelques jours plus tôt, son accolade publique avec le grand imam d’al-Azhar, mosquée phare de l’islam sunnite, avait déjà frappé les esprits. «Le message, c’est notre rencontre», avait lancé le Saint-Père à l’intention des journalistes. Car «le dialogue est une nécessité de notre temps», estime-t-on à Rome.
Selon le cardinal Jean-Louis Tauran, président du Conseil pontifical pour le Dialogue interreligieux, chrétiens et musulmans peuvent promouvoir ensemble une certaine qualité de l’humain, livrer ensemble le combat pour le respect de la vie, pour la justice, la promotion des droits de l’homme, la sauvegarde de la création, l’attention aux plus défavorisés. Mais il reconnaît que bien souvent ceux qui pratiquent ce dialogue n’ont pas une idée très précise de sa nature et de son but. «Le dialogue interreligieux, explique-t-il, repose sur des rapports de confiance entre adeptes de religions diverses en vue de se connaître, de s’enrichir mutuellement. Il ne s’agit pas de renoncer à sa propre foi.»
Le fondement du dialogue interreligieux n’est pas un ensemble d’affirmations théoriques ni même une série de valeurs, son fondement c’est la condition humaine. Le dialogue interreligieux n’est autre que «ce long pèlerinage vers la vérité qu’accomplissent tous les croyants et les chercheurs de l’Absolu».
Mais les bonnes intentions, dans de nombreux de pays, se heurtent à la réalité quotidienne : là où les chrétiens n’ont pas le droit de pratiquer leur religion, là où ils sont discriminés, là où toute conversion est sévèrement punie par la loi. De plus, le Saint-Siège se trouve face à un islam fragmenté, à des interlocuteurs peu représentatifs, et c’est là toute la difficulté.
(CV-RF)